Khelli l'bir beghtah Mon corps sent les vitamines

En ce jour de ramadan, pour ne pas dire en cette nuit du mois sacré, j'ai rêvé que demain les stands et boutiques auront le pas vers la porte ouverte. Ce seront des senteurs et parfums de terre et d'épices, et des légumes vivants. Ce n'est pas que tout porte l'effigie Bio, mais cela vient d'à côté, des potagers, sans chimie, l'estomac a choisi de se faire beau. C'est plein de c'ur, une vie commune en couleur, on boit une citronnade en guise de petites réunions sociales. Tous les jours au marché nous boycottons les grandes industries de la malbouffe concentrée en sucre, sel, graisse... Le marché est sympa, vivant, les musiciens et jongleurs s'y joignent au gré de leur temps. On y trouve de tout, même des bijoux faits maison et des mots qui éclosent d'idées non normalisées. On y croise tous les styles de gens, on apprend à vivre ensemble, à partager nos goûts. Le marché me plaît tellement, mais surtout à mon porte-monnaie, car c'est moins cher qu'avant. Il y a un partage avec les travailleurs et les chats perchés de la nuit venant se ravitailler au matin. Au marché c'est mon corps qui sent les vitamines, ce n'est pas de la frime, les bonnes recettes simples à pas cher, des tartines et des tartines... Le peuple s'y réunit, les petites infos et astuces circulent, les réunions s'animent ! Les discussions vont bon train, débrident les sujets sensibles, enrichissent les débats spontanés. Il y a des fêtes qui s'organisent, le bled se met aux trocs, on fait les vide-greniers et les bouffes de quartier. Les groupes du coin font du tointoin entre théâtre et musique, on s'amuse, la famille aussi. Au marché il n'y a pas de Roméo avec ses baskets de marque qui arnaquent les doigts des enfants esclaves dans les fabriques... Au marché, la liberté rompt les chaînes pour le peuple qui prend la liberté de s'exprimer, d'agir, de choisir ses achats de qualité, dans la simplicité aux multiples merveilles. C'est le pied de nez aux carcans qui tiquent et louchent sur ce mélange des classes sociales. Nous sommes en démocratie, le rêve c'est aussi un acquis de la démocratie. Enfin de quoi je me mêle ' Khelli l'bir beghtah.