Algérie

Khelli l'bir beghtah Les vacataires du rire



Khelli l'bir beghtah                                    Les vacataires du rire
Le décès de l'acteur Rachid Farès vient, encore une fois, nous rappeler l'immense détresse dans laquelle vivent les hommes de la culture. Qu'ils soient comédiens, musiciens, poètes ou écrivains, très peu sont capables de vivre de leur art, souvent en se liant par contrat à des institutions qui limitent leur créativité à de sporadiques activités. Le reste du temps, ils sont livrés au diktat du cachet, quand ils ont la chance de décrocher un rôle dans un film ou une production. Comme d'autres illustres artistes avant lui, Rachid Farès, figure connue du petit et du grand écrans, vivait dans des conditions qui frisaient l'indécence. Hébergé chez sa s'ur dans une cité à Hammamet (Baïnem), il lui suffisait de traverser la rue pour retrouver le rugissement des vagues et calmer ses douleurs.
Celles de n'avoir pu accéder à un logement pour reposer ses rêves et fuir ses déconvenues. Celles de tous les artistes, ces amuseurs publics qui s'en vont tous dans une infinie tristesse, après avoir fait rire des générations entières. Il a rejoint Ouardia et Yahia Benmabrouk, cet apprenti qui lui apprit tant de choses de la vie. Immenses comédiens mort dans l'anonymat et la détresse comme si dans ce pays, les artistes étaient réduits à n'être que des vacataires du rire, des intermittents du spectacle et des saisonniers de l'art. A la recherche continuelle d'un cachet, ils vivent au jour le jour, quand les plus chanceux d'entre eux sont parfois récipiendaires de la charité officielle, qui les gratifie d'un chèque à l'occasion.
Alors, ils se mettent presque à l'affût de la moindre occasion, puisque la culture en ces lieux, fonctionne à l'occasion et on se rappelle nos comédiens, nos musiciens et nos artistes, quand il s'agit de célébrer un événement où on organise à la hâte des festivités à gros budgets, avant de sombrer de nouveau dans la léthargie. Rachid Farès victime avant tout de ses illusions, celles qu'il a nourries dans l'espoir fou d'être reconnu à sa juste valeur, est mort désabusé, accompagné à sa dernière demeure par d'autres artistes, d'autres désillusionnés, d'autres écorchés vifs, qui attendent leur tour. Dans l'espoir d'un dernier cachet. Enfin, de quoi je me mêle ' Khelli l'bir beghtah.
Rabah Khazini


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