Algérie

Khelil II



On a évité, in extremis, la dénationalisation deshydrocarbures; on se retrouve désormais avec un ChakibKhelil très nationalisé. Car, à n'en pas douter, depuisla remise en cause de la première version de la nouvelle loi sur leshydrocarbures, on n'a plus à faire au même Chakib Khelil.Le texte qu'il vient de publier dans la presse nationalesynthétise clairement ce renversement. Il est vrai que l'évolution du marchédes hydrocarbures de ces dernières années est venue, à point, redonner ducarburant à l'argumentaire nationaliste. Cela aurait été de l'entêtement às'accrocher idéologiquement à la libéralisation à outrance quand le marché lui-mêmedicte qu'elle n'est pas nécessaire. Le ministre de l'Energie l'admet désormais:la vague d'ouverture et de libéralisme a laissé place à une «réaffirmation desnationalismes, y compris dans les pays les plus libéraux, singulièrement dansle secteur de l'énergie».Le « nouveau » Khelil applique unepolitique centrée sur la valorisation des hydrocarbures sur le territoirenational à travers des investissements conséquents dans la pétrochimie. Ils'agit de dépasser la posture d'exportateur d'énergie primaire et de renforcerla présence internationale de Sonatrach, redevenue lecoeur et l'instrument de la politique nationale des hydrocarbures. Le texte de Chakib Khelil confirme unretournement doctrinal qui n'est pas en désaccord avec la réalité du marché.On peut constater en tout cas qu'il fait consensus dans lepays, et l'action menée depuis 2005 dans le secteur des hydrocarbures nesuscite plus de polémique. Cela tient clairement au fait que la politiquenationale des hydrocarbures a davantage gagné en lisibilité.Le plus remarquable est que ce retournement dans lastratégie n'a pas été nuisible à l'attractivité du secteur pour lesinvestisseurs étrangers. Le recadrage « nationaliste » de la loi sur leshydrocarbures n'a pas été, contrairement à ce qui avait été prédit par desesprits inquiets, un motif de défiance des entreprises étrangères. La relancede l'exploration à travers l'appel à manifestation d'intérêt pour l'explorationde 15 blocs d'hydrocarbures lancé en janvier dernierconstituait un test. La réponse est venue: 64 entreprises pétrolièresétrangères se sont manifestées. Et les « offres ont l'air de bonne qualité », asouligné le ministre de l'Energie. On pressentait bien que les entreprisesétrangères ne bouderaient pas un pays où elles faisaient déjà de bonnesaffaires dans le cadre du système de partage existant.Le plus intéressant est que cet appel d'offres était soumisà des nouveaux critères qualitatifs qui font de l'octroi des concessions unlevier pour renforcer l'action de Sonatrach àl'étranger. Chakib Khelilavait souligné que l'offre financière n'était pas le plus important et que lescompagnies choisies seront celles qui sont prêtes à des échanges d'actifs et àjouer le jeu du partenariat dans des projets hors d'Algérie. Khelil II est décidément bien différent de Khelil I.


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