Algérie

Khelil et les autres



Khelil et les autres
En même temps que nous apprenons l'émission d'un mandat d'arrêt international à l'encontre de Chakib Khelil et de certains de ses compères, nous apprenons que c'est avec un argument scolaire ' "Je suis malade" ' qu'il a réagi à une convocation préalable de la justice.En tout état de cause, l'ex-ministre de l'Energie s'en tire à bon compte ' sans jeu de mot ' puisqu'il lui a été laissé le temps de se mettre hors de portée de la justice algérienne. Les Algériens, floués dans cette affaire comme dans d'autres, devront se satisfaire du spectacle de fin pathétique d'une carrière politique conforme à la vocation prévaricatrice du système algérien.
Au mieux, ils auront le loisir d'assister à un procès sans la présence du principal accusé, un accusé "de marque", cette fois-ci.
Il reste qu'une nouvelle situation est née : une pièce maîtresse du régime, celle qui avait la haute main sur l'exploitation du sous-sol national, sur la politique énergétique du pays, sur la commercialisation des hydrocarbures et produits miniers et sur l'investissement dans ce secteur est en fuite.
Le pouvoir ne pourra plus dire que la corruption politique est l'invention d'une presse malveillante, de "terroriste" de la plume ou de rumeurs inspirées par des milieux menaçant "la stabilité du pays".
Il pourra encore, mais pour un temps, proclamer que la trahison d'un homme ne devrait pas condamner un régime. Il pourra même trouver dans ce scandale matière à se légitimant en suggérant que les procédures en cours attestent du fait que le système a tout de même la ressource de se défaire de ses éléments corrompus. Si le procès Khelil aura un jour lieu, ce sera le fait de l'intransigeance de quelques procureurs italiens qui feront que ce procès aura lieu. En Italie et en Algérie. Sinon en Italie seulement.
Nous sommes dans un système où les institutions sont faites pour servir les ambitions et pour répondre à la fringale de nos maîtres. Elles ont plus vocation à les servir et à les protéger qu'à les contrôler et à préserver la nation de leurs abus. Beaucoup d'"affaires" en sont restées au stade d'objet de spéculation médiatique, même lorsque les éléments constitutifs du délit et leurs effets sont de notoriété publique. La répression de la grande corruption constitue une chasse gardée du pouvoir, soumise à une gestion strictement politique. L'action publique concernant l'assainissement de la gestion des ressources nationales est assujettie à l'appréciation autoritaire. Les députés l'ont bien reconnue en se refusant, "démocratiquement", la mise sur pied d'une commission d'enquête parlementaire sur la corruption que certain, parmi eux, ont eu l'outrecuidance de réclamer !
À plusieurs reprises, le pouvoir a réussi à mettre sous éteignoir des affaires dont la teneur délictueuse est parvenue jusque sous les chaumières. Il en fut ainsi de la gestion du PNDAR sur laquelle pesaient tous les soupçons ; il en est aussi du scandale BRC, littéralement dissoute et les traces du délit avec. Même lorsque les procès se sont tenus, les protégés sont soigneusement préservés.
Comment peut-il en être autrement ' Il s'agit bien d'une pratique de système, en effet, si l'on devait donner libre cours à l'action de la justice, pourquoi devrait-elle s'arrêter à Chakib Khelil. Un système de corruption ne se conçoit pas pour ensuite s'autodétruire.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr
Nom
Adresse email


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)