Né en 1921. Chantre du bédouin.
De son vrai nom Hamed Abbas Ben Aïssa, Khelifi Ahmed est né à Sidi Khaled sur les rives d’Oued Jdi (Biskra). Issu de la tribu des Oued Khelifa, il n’a jamais connu l’école française ; son instruction fut assurée par l’école coranique où il apprit très tôt trente chapitres du Livre Sacré. Ses parents, paysans aisés, lui donnèrent très jeune le goût de l’agriculture : c’était lui qui soignait les palmiers de la famille ; il aimait ce travail qui lui permettait de grimper au plus haut des palmiers pour les tailler, les féconder ou procéder à la cueillette des régimes de dattes. Son père étant très âgé, le Cadi désigna comme tuteur des enfants (trois frères et quatre sœurs) leur oncle maternel El Hadj Benkhlifa. Cet homme aura par la suite une grande influence sur la vie du jeune Khelifi, parce qu’El Hadj Benkhlifa était un des plus anciens chanteurs du genre saharien (Meddahs), et le premier qui a enregistré, en 1933, chez Anouar et Bachir Essaissi, en Tunisie, une chanson sur l’héroïne de Benguitoune, Hyzia. Il introduisit son neveu dans la chorale de la confrérie Rahmania qu’il animait et lui donna ainsi le goût du chant et de la poésie populaires. Le talent de ce Meddah était si grand que la société Baïdaphone, le fit venir à Paris en 1934 pour enregistrer ses œuvres avec Saïd El Braïdji comme accompagnateur à la flûte et Slimane Meggari comme choriste. Le jour de la sortie des disques, toute la famille s’était réunie dans la maison du grand père pour écouter la nouvelle vedette ; la soirée se prolongea fort tard dans la nuit et le lendemain le jeune Khelifi ne put aller à l’école coranique ; son maître, à la demande de son père, l’envoya chercher par les grands de la classe et lui administra le châtiment de la Falaqa (cinquante coups de bâton) dont il se souviendra longtemps. Mais cette correction ne suffira pas pour mettre un terme à son penchant pour le chant ; il continua à participer à toutes les soirées qu’animait son oncle dans la région d’Ouled Djellal et de Biskra, et cela jusqu’en 1939. Son oncle fut aussi la cause de son départ du village natal ; en effet, en raison de la sécheresse qui durait depuis quatre ans, l’agriculture familiale étant perdue, le tuteur des enfants dut se résoudre à vendre les terres de la famille pour la nourrir, ce fut la ruine totale pour cette famille. En 1941, le jeune Khelifi réduit à la misère se réfugia auprès d’une de ses sœurs, à Ksar Chellala. Là, il fit une autre rencontre décisive, celle de Djerbi, menuisier de son état, qui l’engagea comme apprenti et le fit vivre au milieu de sa famille. Un des fils, amateur de musique, jouait de la mandoline et l’entraina, en raison de ses dispositions pour le chant, dans les soirées intimes que les jeunes organisaient dans la région, développant ainsi son goût pour la musique. Il resta quatre auprès de cette famille dans laquelle il choisira son épouse en 1951. En 1943, il « monta » à Alger chez un des amis qu’il avait connus dans les soirées de jeunes et qui le recommanda à un de ses parents désigné comme conservateur de la mosquée de Sidi M‘Hamed (à Belcourt). Il restera auprès de ce personnage religieux quatre années l’aidant à recevoir des pèlerins et participant toujours aux soirées de Medh à l’occasion de fêtes religieuses. Dès 1947, Boudali Safir, directeur artistique de Radio Alger, informé par la rumeur publique, l’envoya chercher pour lui confier l’orchestre bédouin qu’il venait de former. Sa première émission, il la fit avec Abdelhamid Ababsa qui l’accompagna au piano ; pour la suite des émissions il fit appel à un de ses amis de Sidi M’Hamed, Sid Ali Touil, bon luthiste, qui avait une certaine connaissance du genre Medh. Ce n’est qu’ne 1949 que Khelifi se lança dans le genre typique du Sud (Aï-Aï) où l’emploi des flûtes est nécessaire. Cette année là, il collabora avec Missoum qui l’entraina avec la troupe d’Abdelhamid Raïs dans une tournée à travers l’Algérie. Cette tournée fut interrompue sur l’ordre de l’administration coloniale à Annaba et Khelifi dut se réfugier dans la confrérie Kettania à Constantine en attendant des jours meilleurs. En 1952, il collabora à l’émission Khalti Tamani de M. E. Hachelaf qui avait alors un grand succès auprès des auditeurs ; la formule consistait à répondre en petits quatrains aux questions des auditeurs ; ces courts poèmes étaient composés sur place et chantés par un membre de la troupe, alternativement Meriem Abed et Khelifi Ahmed. Les auditeurs envoyaient aussi des poèmes des maîtres du passé ou des poètes vivants pour lesquels il fallait composer un air qu’on chantait aussitôt ; c’est ainsi que fut découvert le poète Aïssa Ben Allal dont le recueil entier se trouve entre les mains de Khelifi Ahmed et dont quelques œuvres, chantées par ce dernier, connaissent un très grand succès : c’est le cas de Guelbi Tfakkar. C’est à cette époque là que débuta une collaboration fructueuse entre Khelifi Ahmed et M. E. Hachelaf qui a écrit cette nouvelle étoile de la chanson algérienne des œuvres de l’importance d’Ennejm mcha Oucer…, poèmes dans le style des meilleurs poètes sahariens et qu’un auditeur non avertis pourrait attribuer à un de ces maîtres et non pas a ce poète contemporain. Khelifi collabora longtemps à cette émission et à une émission voisine Badawi Asri qui était une tentative de modernisation du genre saharien, animée par Rahab Tahar et à laquelle participait un orchestre moderne sous la direction de Mustapha Skandrani. C’est l’interprétation de la première chanson de son répertoire de ce style Qamr Ellil Youm Elhad. En 1966, il obtient l’Oscar de la chanson traditionnelle pour la maîtrise parfaite et l’interprétation superbe d’une œuvre très connue : Qamr Ellil. Le genre sahraoui étant avant tout à base d’improvisation sur des modes traditionnels, il laisse l’interprète libre de ses vocalises. La lecture et la psalmodie du Coran qu’il pratique depuis son enfance, l’aide dans ses interprétations ; c’est le seul chanteur qui n’ait pas besoin de compositeur. Les modes utilisés dans ce genre sahraoui sont les modes en usage dans la musique arabe en Orient ; le Sroudji qui n’est autre que la Bayati, le Hiouti, c'est-à-dire le Sika, le Saba qui prend le nom de Mawal Kerdada, le Hidjaz à savoir le Aïdi, le Nahwend ou Gsouri, le Bayati Chouri qui n’est autre que le Saïhi. Ce qui explique que son passage dans les pays arabes est, pour cette raison, très apprécié. Maître de son souffle puissant, doué d’une voix expressive, sensible aux sentiments élevés, romanesque par tempérament, Ahmed Khelifi chantre de l’amour devenu impossible et de l’honneur bafoué, incarnera durant près d’un demi siècle le genre bédoui Aï Aï avec les complaintes de l’inséparable couple guesba-bendir. En 1975, il quitte la radio et, en 1989, il se retire complètement de la scène artistique après l’accomplissement de sa « Omra » aux Lieux Saints, en raison de son âge.
Je suis a la recherche d'un film religieux atman abou heufene
Harrag aldjia - Aide soignante - Cherisy, Algérie
23/10/2011 - 21063
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Posté Le : 25/09/2011
Posté par : musiquealgerie
Ecrit par : Achour Cheurfi
Source : Dictionnaire des musiciens et interprètes algériens.