Le retour en Algérie de Khaled Nezzar, sans bruit, en pleine crise sanitaire, a pris de court médias et classe politique et a naturellement provoqué surprise et interrogations. Il serait rentré à Alger le 11 décembre, soit deux jours avant la première intervention publique (13 décembre) depuis les deux mois d'hospitalisation d'Abdelmadjid Tebboune. Les premières annonces de ce dernier, par ces temps de crise sanitaire et d'incertitudes socio-politiques, s'apparentent à une reprise en main des affaires de l'Etat, destinée à faire taire les rumeurs sur son éventuel retrait de la scène politique, annonces qui sont aussi une première réponse envers ceux qui, inquiets par son état de santé, préconisent des solutions de sortie de crise qui ne collent pas forcément à l'agenda présidentiel.C'est que durant son hospitalisation en Allemagne, la scène politique n'est pas restée inerte. Des voix se sont fait entendre. On a ainsi vu, tour à tour, l'ancien gouverneur de la Banque centrale Abderrahmane Hadj Nacer préconiser « un Conseil des sages », le diplomate Abdelaziz Rahabi faire état sur LSA du lancement prochain d'une initiative et de la nécessité d'« une convergence sur un projet démocratique, sans exclusion », non sans déplorer au passage «la judiciarisation de la vie politique». Mais aussi, le FFS, le RCD ainsi que le MSP qui, après avoir rallié l'agenda présidentiel, a opéré un virage à 180 degrés appelant Abdelmadjid Tebboune à «ne pas parapher et promulguer la Constitution adoptée» par moins de 15% d'électeurs et prônant la tenue d'une « conférence nationale inclusive » ! Et c'est à ce moment précis que l'ex-vice-président de l'APN, Baha Eddine Tliba a cru utile de lancer un pavé dans la mare, incriminant, dans une lettre adressée au procureur, les enfants de feu le général Gaïd Salah ! Ce qui est sûr, au regard de cette conjonction de faits intervenant dans un laps de temps aussi court, c'est qu'il n'y a pas de fumée sans feu !
Qui plus est, ce retour de Nezzar s'inscrit dans un contexte régional marqué par la réactivation des tensions aux frontières ouest suite au deal entre le Maroc, Israël et les USA, un deal qui ne sera pas sans conséquences sur la situation régionale. Un deal qui se greffe sur la crise politique que vit le pays depuis le 22 février 2019 et une pandémie impactant et déréglant le mode de développement, la vie et les habitudes sociales des Algériens : couvre-feu prolongé jusqu'au 31 décembre, transports aériens pratiquement à l'arrêt, transports terrestres au ralenti, commerces et entreprises fonctionnant au ralenti quand ils ne sont pas contraints de cesser toute activité, rentrées scolaire et universitaire perturbées par les mesures de confinement... Les conséquences multiformes de ces crises ne sont pas sans rapport avec la dernière réunion de l'état-major de l'armée où il a été question de faire front aux menaces auxquelles fait face l'Algérie.
Reste à savoir, à la lumière de cette situation compliquée, si la levée des charges, qui reste à confirmer, contre K. Nezzar, va concerner ou non les ex-généraux Mohamed Mediene et Bachir Tartag, accusés également de « complot », après que la Cour suprême a accepté les pourvois en cassation les concernant ' L'ex-ministre de la Défense et ancien chef d'état-major de l'armée n'a-t-il pas soutenu que l'affaire dont il est l'objet « est politique » et qu' « elle a été enclenchée sur ordre de l'ancienne équipe au pouvoir, dans un but de pure revanche et dans le cadre d'un agenda politique » ' C'est ce qu'avait laissé entendre, de son côté, l'ex-chef du DRS par le biais d'une lettre rendue publique par son avocat Me Lahcène Seriak, assurant : « Le complot réel et véritable qui me place devant vous en tant qu'accusé aujourd'hui vient de mes tentatives de lutte contre la corruption. Il vient de loin .» Quant à Louisa Hanoune, concernée également par le pourvoi en cassation, elle s'en est expliquée le 2 août dernier dans l'émission de LSA. Même cas de figure pour l'ex-général et ex-candidat à l'élection présidentielle Ali Ghediri dont la Cour suprême a également validé le pourvoi en cassation introduit par ses avocats.
Naturellement, le retour de Nezzar va faire des mécontents, notamment parmi ceux qui rêvaient d'une revanche sur le 26 décembre 1991 et qui lui imputent la responsabilité des violences des années 90. D'autres se demanderont, à juste titre, pourquoi Nezzar et pas l'autre Khaled, le journaliste Drareni, qui va passer les fêtes de fin d'année en prison en compagnie d'autres détenus d'opinion.
À jeudi.
H. Z.
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Posté Le : 24/12/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Hassan Zerrouky
Source : www.lesoirdalgerie.com