Durant l'été 1972, alors qu'il séjournait à Tlemcen pour monter sa pièce ‘Saoût En-Nissa' (La Voix des femmes) qui lui avait été, indirectement, commandée par la municipalité de la ville, pour commémorer le 10ème anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie, le grand écrivain Kateb Yacine eut l'idée de rendre une visite de courtoisie à la vieille mère de son collègue en littérature, le non moins célèbre Mohammed Dib. Accompagné par des amis, Kateb Yacine fut reçu comme un prince, chez la vieille dame qui, à la fin de la rencontre, ne manqua pas de lui demander « ce qu'il faisait dans la vie ' ».C'est alors que quelqu'un parmi le groupe de visiteurs lui répondît fièrement: « il est écrivain comme votre fils, chère madame!».
Du haut de sa belle candeur (et se faisant peut-être de la notion du travail une idée plus « concrète » que celle de son fils) la mère de Mohammed Dib se serait exclamé alors: « Ah, lui aussi, c'est un bon à rien! ». (« mâkhli kima ouldi ! »)
Il est vrai que la littérature ne nourrit pas son homme et que les modèles de réussite varient selon les époques et les mentalités. Mais on n'ose pas imaginer ce qu'aurait été, si l'on pousse jusqu'à la caricature, la remarque pleine d'humour de la brave dame, un Kateb Yacine ou un Mohammed Dib qui aurait « réussi »! L'auteur de « Nedjma » et celui de « La Grande Maison » importateurs de biscuits, bouchers multi-milliardaires ou même sénateurs ou députés ' Il est permis de rêver.
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Posté Le : 17/02/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amine Bouali
Source : www.lequotidien-oran.com