Algérie

Karkar et Salim Saouli, un jour de...


Salim Saouli, le procureur général de l'audience criminelle de la cour d'Alger, se leva pour le réquisitoire d'une grave affaire de détournement de fonds, il y a de cela, plusieurs années. Le tribunal criminel d'Alger, était alors dirigé par l'impériale Khadîdja Karkar, une charmante et compétente magistrate, droite, nous écrirons même, rigide, qui inspirait et forçait le respect. Rappelons simplement, que la composition du tribunal criminel de l'époque était décidée à la va-vite, faite à la mesure des graves moments, que traversait le pays. Il n'y avait que deux jurés et trois juges professionnels! Il y avait de dangereux criminels pris les armes et le sang d'innocents algériens, à la main, qu'il fallait juger, condamner et envoyer à l'ombre pour un bon bout de temps. Ce jour-là, comme d'habitude, Khadîdja Karkar était entrée dans la salle d'audience décidée à rendre justice avec les «moyens du bord», en appliquant sainement la loi, juste de quoi rassurer les proches des accusés, de l'équité du tribunal criminel. Or, il y avait ce renard de procureur Salim Saouli, qui était là au nom de la société, qui allait prendre la parole pour une trentaine de minutes. Mais, nous n'allons pas vous relater ce qu'a dit le magistrat Saouli, mais plutôt ce qu'il a «fait «durant cette demi-heure. Il a commencé à requérir debout, puisqu'il a appris à l'Ecole nationale d' administration, qu'un parquetier était un magistrat «debout»! Mais, au bout de six minutes, Saouli était non seulement debout, mais marchait sur le parquet même de la salle d'audience de la salle n° 3 du Palais de justice d'Alger. Ce n'est pas fini: il plaidait très bien, nous écrirons même, en droite ligne avec l'accusation. Il le faisait, debout, en marchant, et comble d'audace, le dos tourné vers la composition criminelle! Du jamais vu, ni vécu, dans cette salle, ni peut être, jamais, nulle part! C'est alors que Khadîdja Karkar, la pourtant calme et mesurée présidente du tribunal criminel d'Alger, marmonna presque: «M. le procureur général, vous plaidez le dos tourné à la composition criminelle. Ce n'est pas beau, ni même agréable pour ceux qui vous suivent. Tachez de vous en souvenir.» Saouli, en parquetier avisé, répondit, le dos tourné vers le public, qu'étant représentant de la société, il s'adressait «à une masse importante de cette même société, qui est pour le moment, le public!» Mais, si Salim Saouli jouait au «renard», Khadidja Karkar, elle, allait jouer au paon. Elle rétorqua: «Oui, cela tient, comme argument, mais j'attire respectueusement votre aimable attention, que ce n'est pas le public qui tient le verdict, mais bien les membres du tribunal criminel, notamment les jurés!» Les points étant mis à leurs places, le tribunal criminel continua son audience dans un climat serein.
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