Karima Lazali est la lauréate du prix ?dipe des librairies 2019 pour son ouvrage Le trauma colonial, enquête sur les effets psychiques et politiques de l'offense coloniale en Algérie, paru aux éditions Koukou en octobre 2018. La cérémonie de remise du prix aura lieu le samedi 5 octobre de 14h à 18h à l'espace littéraire et artistique La Colonie à Paris, fondé par l'artiste français Kader Attia.Au programme de la cérémonie des interventions de Kader Attia, artiste et créateur de La Colonie, prix Marcel-Duchamp, de François Gèze, ancien responsable des éditions La Découverte, de Jean-Pierre Peyroulou, professeur agrégé et docteur en histoire, de Pascale Hassoun, Sophie Mendelsohn et Majid Safouane, psychanalystes. Les débats seront animés par Laurent Le Vaguerese. Le groupe de musique Aurélien Hol conclura la cérémonie en beauté.
Karima Lazali, psychanalyste, a mené une singulière enquête sur ce que la colonisation française a fait à la société algérienne, enquête dont elle restitue les résultats dans ce livre étonnant qu'est Le trauma colonial, enquête sur les effets psychiques et politiques de l'offense coloniale en Algérie.
La psychanalyste avait constaté chez ses patients des troubles dont rend compte la théorie psychanalytique classique et que seuls les effets profonds du «trauma colonial» permettent de comprendre : plus d'un demi-siècle après l'indépendance, les subjectivités continuent à se débattre dans «des blancs de mémoire et de parole», en Algérie comme en France. Elle montre que ces «blancs» sont dus à l'extrême violence de la colonisation : exterminations de masse dont la mémoire enfouie n'a jamais disparu, falsifications des généalogies à la fin du XIXe siècle, sentiment massif que les individus sont réduits à des corps sans nom...
La «colonialité» aussi fut une machine à produire des «effacements mémoriels» allant jusqu'à falsifier le sens de l'Histoire. Et cherchant à détruire l'univers symbolique de l'«indigène», cette «colonialité» a notamment mis à mal la fonction paternelle. «Leurs colonisateurs ont changé les Algériens en fils de personne», fait d'ailleurs remarquer l'écrivain Mohammed Dib. Mais cet impossible à refouler ressurgit inlassablement et c'est l'une des clés, explique Karima Lazali, de la permanence du «fratricide» dans l'espace politique algérien.
Son ouvrage est une démonstration impressionnante, où l'analyse clinique est constamment étayée par des travaux d'historiens, par les études d'acteurs engagés (comme Frantz Fanon) et, surtout, par une relecture novatrice des ?uvres d'écrivains algériens de langue française comme Kateb Yacine, Mohammed Dib, Nabile Farès ou Mouloud Mammeri.
L'auteure révèle, ainsi, dans ce livre original, les effets dévastateurs, sociaux et individuels, provoqués au sein de la société algérienne par 132 ans de violences coloniales et qui demeurent jusqu'à aujourd'hui.
Karima Lazali, psychologue clinicienne et psychanalyste, exerce à Paris depuis 2002 et à Alger depuis 2006. Elle est l'auteure de nombreux articles et de La parole oubliée (Erès, 2015). La Colonie, lieu où elle recevra son prix, est un «espace de pensée libre et indépendant» en plein Xe arrondissement parisien. Il a été ouvert en 2016 par Kader Attia, artiste français basé à Berlin.
Kader B.
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Posté Le : 02/10/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kader Bakou
Source : www.lesoirdalgerie.com