Ancien footballeur puis délégué syndical avant de devenir conseiller de Jean-Pierre Chevènement, lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, Karim Zeribi se décrit comme un homme d'action. Candidat au poste de député au Parlement européen (divers gauche), il accorde une importance accrue au dialogue Nord-Sud et plaide pour davantage de contenu dans le projet Euro-Méditerranée.
Vous-vous êtes présenté pour la première fois aux élections européennes. Selon vous, quels sont les enjeux de ce rendez-vous électoral, en général, et pour les populations d'origine maghrébine, en particulier Les enjeux sont capitaux, car ils conditionnent clairement la vie quotidienne des 470 millions d'Européens. En France, 70% des lois votées à l'Assemblée nationale sont l'émanation de directives européennes, c'est dire l'importance de l'UE pour la vie quotidienne des personnes résidantes en France, qu'elles soient d'origine maghrébine ou non. Concernant les défis que l'Europe doit rapidement relever, en dehors du développement économique, social et le respect de l'environnement, les relations Nord/Sud doivent être réinventées. Aussi, il est temps, à mes yeux, de mettre réellement du contenu dans la politique euro-méditerranéenne et dans ce domaine, les personnes d'origine maghrébine vivant en France ont un rôle important à jouer. Pourquoi, selon vous, ces élections européennes n'ont pas attiré les Français ' Les Français ont une mauvaise image de l'Europe, car celle-ci leur apparaît trop technocratique et éloignée de leurs préoccupations quotidiennes. Ils considèrent, à juste titre, que beaucoup de réformes régressives sont dictées par la politique européenne. Enfin, il semble que les députés européens, une fois élus, ont des difficultés à mobiliser nos concitoyens et les médias sur les sujets dont ils sont saisis. Associé à un contexte de morosité et de crise, tout cela n'a pas favorisé le taux de participation à ce scrutin. Beaucoup rendent l'Europe responsable des problèmes nationaux ou locaux. Comment comptez-vous (si vous êtes élu) les réconcilier avec elle ' Trop de responsables politiques instrumentalisent l'Europe pour justifier leur position, leur inertie ou leurs actions dans la politique intérieure. On l'a vu récemment au sujet du vin rosé coupé, le ministre de l'Agriculture français, Michel Barnier, a accepté la mesure de l'UE puis il s'est empressé de la dénoncer une fois arrivé en France. Cela est insupportable, car avec de telles attitudes, la crédibilité des hommes politiques est mise à mal. Si je suis élu, je serai un député actif qui agira pour rapprocher l'Europe des peuples et ce, dans tous les domaines. Pour cela, régulièrement, je ferai monter à Bruxelles des délégations d'acteurs économiques, associatifs et des travailleurs sociaux afin de rencontrer des commissaires européens. L'immigration est l'un des problèmes prioritaires de l'Europe aujourd'hui. Les lois se durcissent et les portes se referment devant les étrangers... J'ai la conviction que certains utilisent le sujet de l'immigration comme un fonds de commerce politique, alors qu'il faudrait plutôt travailler à un large consensus au niveau européen sur ce sujet capital. Pour ma part, je considère qu'il est possible de concilier justice, fermeté et humanité en matière d'immigration. Je réprouve totalement l'obsession de la politique des chiffres mise en place par Brice Hortefeux, mais l'homme de gauche que je suis doit également préciser qu'il serait suicidaire de faire croire que l'Europe et la France sont des eldorados pour les migrants du monde. Dans les années à venir, le contexte démographique européen nous imposera d'accueillir de nouveaux immigrés. Pour cela, les pays européens auront besoin d'assouplir leurs règles d'obtention de visas pour les étudiants et les travailleurs.
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Posté Le : 08/06/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yacine Farah
Source : www.elwatan.com