Le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui a assisté hier, au Palais des nations (Club des Pins), à la présentation du rapport du Conseil national économique et social (CNES) sur l'état économique et social du pays en 2008 et les perspectives de conjoncture pour 2009, a déclaré en aparté qu'« il n'y aura pas suppression du crédit documentaire, mais des mécanismes de simplification seront introduits au profit de l'appareil productif national ».
Jusqu'ici, le débat autour de cet allégement au profit des producteurs n'est que pédagogie. Le ministre a voulu quelque peu éclaircir les choses en disant que l'allégement du crédoc passera par « l'étude de la trésorerie de l'entreprise, le coût des opérations et la confirmation des crédits documentaires par les deux parties concernées, le fournisseur et l'acheteur en l'occurrence ». Mais comment cela va-t-il être concrétisé ' A cette question, le grand argentier du pays s'est bien gardé d'être loquace, donnant comme prétexte qu'« un comité d'experts a été mis en place à l'issue de la réunion ayant regroupé, mercredi dernier, les banquiers et le patronat afin d'identifier des solutions à même de venir à bout de cette problématique ».Entre autres solutions envisageables, d'après M. Djoudi, « il serait possible de veiller, à l'initiative des deux parties concernées (fournisseur et importateurs), à ce qu'il n'y ait pas confirmation du crédoc lors de l'opération de paiement ». C'est-à-dire qu'il sera possible d'annuler l'aspect « irrévocable » du crédoc par sa non-confirmation. C'est en tout cas l'une des suggestions faites par le ministre des Finances, hier, en marge de la séance consacrée à la lecture du rapport du CNES. Karim Djoudi a expliqué à la presse que cette question a été à l'origine de la tenue, mercredi dernier au siège de son département, de la réunion évoquée plus haut.« C'est une réunion qui intervient en application des décisions de la 13e tripartite, mais aussi afin de trouver des solutions afin de faciliter le crédoc aux producteurs nationaux. A l'ordre du jour de cette réunion nous avons inscrit donc la question du crédoc, mais aussi l'autre problématique liée au financement bancaire de l'économie nationale », a expliqué le ministre. Il s'agit, selon lui, de soutenir davantage les PME-PMI par la garantie des investissements et la mobilisation de nouveaux moyens de financement, à l'instar du leasing. Cette réunion a débouché, selon les dires du ministre, à la constitution d'un groupe d'experts chargé d'émettre des propositions dans les plus brefs délais afin d'envisager des solutions pour la simplification du paiement au moyen du crédoc.Cependant, l'enjeu des délais se pose avec acuité : le groupe ad hoc devrait rendre les résultats de sa mission fin mars, alors que l'urgence suppose que des solutions soient apportées au plus vite. La situation est décidément sur le fil du rasoir pour les PME et les unités de production, dont certains ont été contraintes de baisser rideau. Quant au second thème inscrit à l'ordre du jour, à savoir le financement bancaire de l'économie, la grosse partie du travail à mener consiste à reconstruire la confiance fragilisée qui lie le banquier à l'opérateur économique. Sur fond de scandales bancaires, les banquiers sont confrontés à la pénalisation de l'acte de gestion, ce qui leur impose une bureaucratie et une rigueur démesurée tandis que l'opérateur économique se trouve face au paradoxe « abondance de liquidités et manque de financement ».Programme quinquennal 2010-2014 : 285 milliards de dollars mobilisésLe ministre des Finances, Karim Djoudi, prévoit un taux de croissance hors hydrocarbures de 9 à 10% à fin 2009. Selon lui, la baisse de 50% des recettes fiscales du pays et de 45% des exportations algériennes « n'est aucunement de nature à remettre en cause l'équilibre budgétaire du pays en raison de la maîtrise des dépenses budgétaires et les gains stockés dans le Fonds de régulation des recettes ». Ainsi, le financement public demeurera soutenu, de l'avis de K. Djoudi. Pour preuve, les dépenses prévues dans le cadre du programme quinquennal pour la période, destinées à soutenir le financement et l'investissement, sont portées à 285 milliards de dollars, contre une enveloppe estimée initialement à 150 milliards de dollars.Le ministre des Finances a expliqué que l'enveloppe initiale de 150 milliards de dollars a été révisée à la hausse grâce à la mobilisation de certains budgets partiellement consommés durant les précédents quinquennats. Par ailleurs, le rapport économique et social du CNES témoigne d'une tension inflationniste qui demeure importante (5,7% en 2009). Les chiffres fournis par le CNES à propos de l'évolution économique du pays durant l'exercice 2009 ne sont, en réalité, qu'un récapitulatif des statistiques diffusées précédemment par la Banque d'Algérie et le ministère des Finances. Le chômage des jeunes demeure important et se situe à 25%.
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Posté Le : 25/12/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Titouche
Source : www.elwatan.com