Les traditionnelles «auditions» des ministres durant le mois de ramadhan
par le président de la République ont débuté dimanche par une réunion consacrée
au secteur des Finances.
Les finances de l'Algérie sont, malgré la crise et ses effets sur les
recettes, dans un état globalement positif. Les surcouts dans la réalisation
des programmes d'investissements restent une source d'inquiétude.
La lecture du compte-rendu officiel de la réunion montre que le ministre
des Finances, M. Karim Djoudi, n'avait que de relatives bonnes nouvelles à
livrer au chef de l'Etat et aux Algériens. Dans un pays qui peine à trouver les
moyens de sortir d'une dépendance totale et dangereuse vis-à-vis des
hydrocarbures, le ministre des Finances a pu ainsi faire état d'une croissance
hors hydrocarbures de 9,3% contre 6,1% en 2008. Une progression portée par
l'excellente performance du secteur agricole ainsi que par les secteurs du
Bâtiment, des Travaux publics et des services.
Le niveau d'inflation reste à un
taux raisonnable de 5,75%. Le bilan fait également état d'une augmentation
importante des crédits à l'économie qui sont passés de 2.615,5 milliards de DA
en 2008 à 3.045,2 milliards de DA en 2009, soit une augmentation de 16,4%. Les
PME, traditionnellement les parents pauvres du financement alors qu'elles sont
un véritable atout pour l'emploi, ont-elles profité de cette augmentation ?
C'est le souhait régulièrement exprimé par les opérateurs privés et les experts
qui constatent que la question du financement freine le développement normal
des PME algériennes et les contraint à voir modeste.
Modeste recul de la facture des importations
Les plus de 350.000 PME algériennes privées se financent sur fonds
propres en général. Les crédits bancaires existent – sur 2.700 milliards de
crédits à l'économie en 2007, 40 à 45% seraient allés aux PME selon une
estimation donnée par Abderrahmane Benkhalfa délégué général de l'Abef – mais
ils financent les importations et non la production. Il faut espérer en effet,
que les efforts accomplis pour la création de nouveaux instruments financiers
(sociétés de capital-risque et de leasing) puissent contribuer davantage au
financement de l'investissement productif dans le secteur des PME. C'est cela
qui pourra contribuer réellement à réduire une facture des importations qui n'a
baissé en valeur que d'un modeste 1% en 2009. Les mesures drastiques prises
dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009 (interdiction du crédit
à la consommation et obligation du recours au seul crédit documentaire comme
mode de règlement des importations) ont un impact limité. C'est bien sur le
terrain d'une production nationale portée par les PME qu'un vrai début de
substitution à l'importation pourrait être réalisé dans un temps relativement
court. Sans surprise, l'impact de la chute sensible du prix du pétrole a
entraîné un recul de 40% des recettes d'exportations. L'on tire cependant
satisfaction du fait que malgré les effets de la crise financière et économique
internationale et son incidence sur le prix du baril de pétrole brut sur le marché
mondial, «la balance des paiements a affiché un solde des paiements courants de
520 millions de dollars US pour l'année 2009». Les réserves de change sont
toujours confortables avec 147,2 milliards de dollars US à la fin de l'année
2009 contre 143,1 milliards de dollars à la fin décembre 2008. La dette
extérieure à moyen et long termes s'est située à 3,92 milliards de dollars US à
la fin de l'année 2009.
Attention aux surcouts
La dette publique interne reste stable avec 814 milliards de DA à fin
décembre 2009 contre 734 milliards de DA à fin décembre 2008. La dette publique
externe était de 480 millions de dollars à fin décembre 2009 contre 460
millions de dollars US à fin décembre 2008. Les opérations du Trésor, arrêtée à
fin avril 2010 dégagent un solde global excédentaire de 35 milliards de DA
contre un déficit de 65 milliards de DA à fin avril 2009. Le chômage enregistre
une légère baisse passant, selon l'office national des statistiques, de 11,3%
en 2008 à 10,2% en 2009. Le tableau global suscite la satisfaction du chef de
l'Etat qui incite cependant à la «prudence et à l'action prospective». Le
programme quinquennal d'investissement 2010-2014 fera l'objet «d'une évaluation
annuelle pour tenir compte de la situation de nos finances publiques». Le
Président Bouteflika a également exigé que le gouvernement veille à «prévenir
les réévaluations coûteuses des projets et à prohiber toutes formes de
gaspillage». C'est, avec les suspicions de malversations, le problème aigu posé
par le programme d'investissement public. L'équivalent de 130 milliards de
dollars est consacré à l'achèvement des grands projets déjà entamés, notamment
dans les secteurs du rail, des routes et de l'eau. Ces projets connaissent des
surcoûts et des dépassements de délais très pénalisants. Il ressort donc que,
d'une manière générale, les finances du pays sont saines et offrent de
salutaires marges de manœuvre en ces temps incertains. La crise mondiale que
l'on croyait dépassée pointe à nouveau le bout du nez avec des perspectives
économiques peu encourageantes aux Etats-Unis. Le maintien d'un cap vertueux
fondé sur la création de richesses internes et la résorption du chômage est
plus que jamais à l'ordre du jour.
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Posté Le : 17/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com