Algérie

Kamel Messaoudi, l'incarnation du renouveau



Sensibilité - Outre sa musique, il avait une voix plutôt mélancolique qui collait parfaitement aux thèmes des chansons qu'il interprétait merveilleusement bien et, surtout, avec beaucoup d'émotion.Le débat sur le chaâbi moderne a déjà eu lieu à l'époque de Mahmoud Bati, puisque c'est lui qui est vu, jusqu'à maintenant, comme un grand auteur, une référence, un poète de proue, et qui a lancé sur scène Hachemi Guerouabi, Boudjemaâ El Ankis et Amar Ezzahi, entre autres, et a généralisé la chansonnette, elle-même version moderne du chaâbi classique.
Mais c'est bien le défunt Kamel Messaoudi qui est considéré comme le précurseur du chaâbi moderne et ce, pour la qualité de sa voix, la teneur de ses chansons. Il a donné au néo-chaâbi ses lettres de noblesse. Il a modifié la trame sonore et le style poétique. Il en a fait l'étendard de toute une génération, de toute une jeunesse.
On a assisté avec Kamel Messaoudi ' qui nous a quittés trop tôt, à l'âge de 37 ans dans un accident de voiture ' au renouveau du chaâbi moderne, musicalement et textuellement. L'interprétation est tout autre, puisqu'elle a réussi à séduire tous ceux qui l'écoutent, même l'ouïe féminine y a été sensible.
Kamel Messaoudi était l'incarnation de ce renouveau, incarnation qui perdure jusqu'à nos jours.
Son succès était tel, à l'époque, qu'il n'en finissait pas de parcourir le pays pour donner des concerts et donc d'aller à la rencontre du public. Il a gagné, il faut le souligner, les c'urs d'un large public. Tout le monde appréciait profondément son genre musical.
Kamel Messaoudi a fait, alors, un remarquable travail d'innovation en profondeur. On ressent, lorsqu'on l'écoute chanter, qu'il a fait un travail de recherche en termes de paroles et de sons musicaux. Il incarnait, réellement, le renouveau dans le domaine. Il en était la révélation. Il s'était imposé sur la scène en proposant un chaâbi genre nouveau, d'où le terme de néo-chaâbi, en parfait accord avec les sensibilités de la jeunesse algérienne. C'est avec l'éternelle chanson 'Chemaâ' (la Bougie) que Kamel Messaoudi a su s'imposer comme tel, c'est-à-dire comme un grand artiste.
On se rappelle, aujourd'hui, son énergie, sa fougue créatrice, sa clairvoyance, son lyrisme aussi bien en poésie qu'en musique ou en chant et ce, au point que tout cela nous fait sentir sa présence d'une façon si palpable que nous avons l'étrange impression que Kamel Messaoudi va surgir d'un instant à l'autre tant sa mémoire reste toujours vivace, tant son empreinte est indélébile, tant ses paroles s'avèrent poétiques et tant sa musique se révèle une vraie sensibilité. Sa musique a, en effet, marqué toute une génération, même celle d'aujourd'hui. Puisqu'à lui seul, il incarne une génération, une jeunesse qui s'identifie à Kamel Messaoudi. Elle s'y reconnaît. C'était un «chaâbiste» sentimental. Il était d'ailleurs de la veine d'un chanteur de la trempe d'un cheb Hasni. Le premier dans le genre chaâbi, le second dans le style raï.
Ainsi, Kamel Messaoudi, connu pour son caractère calme, sobre et mesuré, était un grand chanteur, un artiste aussi bien reconnu qu'accompli. C'était un poète. L'émotion avec laquelle il interprétait ses morceaux, aussi intense que sincère, a conquis tout un auditoire.


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