L'écrivain et chroniqueur de la rubrique "Raina Raïkoum" de «le Quotidien d'Oran», Kamel Daoud affichera ses positions pour la liberté de choisir et de penser. L'écrivain, poursuivra-t-il, est le témoin de son temps. Il expliquera ensuite ses rapports avec l'écrit. "Tout d'abord, je suis un journaliste chroniqueur politique depuis plus de dix-sept ans. Je dois ficeler chaque jour ma chronique directement avec l'actualité", confiera-t-il ensuite à l'assistance. Et de continuer: "j'ai commencé à lire très jeune. Dès l'âge de neuf ans, j'ai eu contact avec les livres notamment les mythologies. Et c'est peut être là le déclic". D'ailleurs, illustrant cet avis, il citera "ô Pharaon", écrit après s'être rendu sur le lieu du plus grand massacre en Algérie durant la décennie noire et plus précisément à Relizane au lendemain du massacre qui avait fait un millier de morts. "Une année après, je me suis rendu sur les lieux. C'était vraiment l'horreur de voir des corps humains sortir des crevasses où ils étaient enterrés une année avant. C'est une tragédie, non'", s'interrogera-t-il. Présentant son ouvrage "Meursault, contre -enquête", il dira que celui-ci n'est pas écrit dans l'esprit de vengeance, ni encore moins de régler le problème de Meursault et de Camus, mais beaucoup plus pour montrer qu'Albert Camus est un grand de la littérature et ce n'est guère écrit pour célébrer son centenaire. Et si certains le rejettent pour une seule de ses positions, ce n'est pas pour autant rejeter ce monument avec tout ce qu'il a véhiculé comme idées et philosophie. A ceux-là, il dira que l'auteur de " L'Etranger" fait partie de notre histoire. D'ailleurs, l'idée de ce roman " Meursault, contre enquête", lui est venue d'une chronique parue dans le journal en 2010, " Camus est à vous ou à nous'". C'est là, l'ambiguïté de notre histoire, précisera-t-il. Dans cet opus, l'auteur choisit son personnage Moussa pour aucune intention si ce n'est celle de la musicalité, des passages de Camus sont inversés. Pour lui, ce n'est qu'une version de l'"Arabe", après l'indépendance, c'est quoi être "Arabe"' Dans cet ordre d'idées, le conférencier assume pleinement son algérianité. "Nous sommes Algériens. Nous devons pleinement assumer notre histoire depuis la nuit des temps avec tout ce qu'elle traîne et ne pas se limiter seulement à 1954", insistera-t-il. L'écrivain le dira clairement: " Camus fait partie de notre histoire, mais aussi les ancêtres, les blessures et les douleurs. Personne ne doit nier ces certitudes tout en allant dans le sens du progrès et regarder l'avenir", avouera-t-il. A ce propos, il citera une citation qu'il juge résumer tout, à savoir, " le nain qui monte sur les épaules du géant voit plus loin que ce dernier". A méditer. D'ailleurs, l'auteur de " Meursault, contre enquête", jugera que tout ce qui l'enrichit, il le prend. "L'arabité n'est ni mon père ni ma mère. Et je ne veux pas qu'on enferme mon identité dans une seule langue. Il m'aura fallu beaucoup de temps pour me reconstituer, retrouver mes racines, mes ancêtres après tout de même cinquante ans de propagande et d'endoctrinement. Cela a été le fruit de mes lectures et de mes recherches", répondra-t-il à une question évoquant à juste titre l'identité plurielle. "L'Algérianité ne se mesure pas au pourcentage", se permettra de répondre le conférencier à ceux par exemple qui affirment que 80% sont des " Arabes". Durant une bonne partie de sa conférence, il a dû répondre à plusieurs questions inhérentes à la liberté de culte, au salafisme et d'autres questions d'actualité. L'auteur de "Meursault, contre enquête", puisera , parfois même de ce roman des phrases-réponses aux différents questionnements en les renvoyant par exemple à la chute de l'histoire qu'il considère comme étant un plaidoyer pour la Liberté. " Haroun dans le roman plaide pour la liberté", mentionnera-t-il. Pour avancer, insistera-t-il, il faudra se libérer de tous carcans ainsi que de tous les dogmes. Par rapport à la crise qui secoue Ghardaia , Kamel Daoud trouvera que c'est la somme d'une kyrielle de conséquences. " C'est une plaie ouverte. Tout d'abord, c'est la perte de soi et de son identité, puis c'est dû à une montée de l'islamisme, c'est aussi le fait des chaînes satellitaires", expliquera-t-il . Et de poser la question suivante directement au public: "En face de l'islamisme, qu'est-ce qu'on propose comme alternative'. "Avec ce genre de virus 'le salafisme', l'avenir n'est pas assuré", conclura-t-il. Il faut dire que l'invité de KLMI a satisfait pleinement le public venu découvrir son dernier roman sur lequel il ne s'est pas beaucoup attardé laissant justement le temps aux lecteurs d'en faire l'analyse. " Avant de venir assister à cette rencontre, il a fallu que je relise d'abord l'Etranger de Camus pour me rafraîchir la mémoire après plus de quarante ans que je l'ai lu. C'est vraiment génial que ce jeune écrivain de l'indépendance a eu cette idée de déconstruire l'Etranger qui m'a tant fasciné durant ma jeunesse en l'écrivant dans la même langue mais de droite à gauche", nous déclarera cet enseignant septuagénaire en retraite depuis des années.O. GNomAdresse email
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Posté Le : 23/01/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ghilès O
Source : www.liberte-algerie.com