De Tunis, Mohamed KettouEn promulguant, ce mardi, la loi de finances pour l'année 2022, le Président Kaïs Saïed s'est déclaré «insatisfait» des mesures qui y sont prises du fait qu'elles «ne répondent pas aux attentes des citoyens».
Mais, a-t-il dit ? à son corps défendant ? il était impossible de «faire mieux et plus». Concoctée en vase clos sous la férule du président de la République, sans consultation des syndicats ouvrier et patronal, cette loi était attendue, aussi bien des Tunisiens, toutes couches et toutes catégories confondues, qu'à l'étranger (Union européenne, USA et FMI). Ces derniers accordent un intérêt certain à cette loi de finances dont les contours et les caractéristiques définiront, dans une large part, les décisions qu'ils devraient prendre pour arrêter le volume de l'aide à consentir en faveur de la Tunisie.
Le prochain budget tunisien, arrêté à 57, 2 milliards de dinars (17,6 milliards d'euros) et en augmentation de 3,2% par rapport à celui de l'année 2021, comporte des imperfections dont, notamment, un trou à combler pour assurer l'équilibre budgétaire. Ce trou est estimé à six milliards d'euros et représente un déficit en augmentation par rapport aux années précédentes.
À noter que lors de l'élaboration de ce budget, les responsables économiques et financiers ont tenu compte des recommandations du Fonds monétaire international (FMI), qui conditionne son soutien à la prise de certaines mesures qualifiées en Tunisie d'antisociales.
En effet, le gouvernement s'est vu contraint d'inscrire dans le document une compression de la masse salariale au niveau de la Fonction publique et la levée du soutien des prix de certains produits, soutien qui pèse lourdement sur le budget de l'Etat. Ces conditions sont posées aussi par les bailleurs de fonds aux USA et en Europe. La promulgation de cette loi de finances a déclenché, depuis sa publication au Journal officiel, une campagne de critiques formulées par de nombreux experts économiques et financiers.
Cela a poussé Kaïs Saïed à intervenir, personnellement et auprès du patron de l'Utica (syndicat patronal), pour rassurer les hommes d'affaires dans le but de les amener à s'engager davantage dans le processus de l'investissement, précisant que les mesures prises visent à «les éloigner de toute forme de chantage».Maintenant que l'exécutif tunisien a tout fait pour amener le FMI à lever son veto, la Tunisie pourrait espérer une aide substantielle de la part des pays européens et même de l'Arabie Saoudite, dont les promesses se multiplient sans jamais être tenues. C'est dire que, pour les Tunisiens, l'année 2022 sera aussi difficile que les années précédentes.
M. K.
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Posté Le : 30/12/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed Kettou
Source : www.lesoirdalgerie.com