Algérie

Kairouan, épicentre de l'intégrisme



Kairouan, épicentre de l'intégrisme
17 morts dans des combats entre groupes islamistes en Libye. Les réseaux pullulent, entre mosquées clandestines et foyers étudiants insalubres. Une zone de guerre, difficile de définir autrement ce quartier.La cité El Menchia, qui borde la route qui mène de Kairouan à Tunis, compte 48 000 habitants. 48 000 «déchets de la société» selon l'expression d'un de ses habitants. Ni routes défoncées ni nids de poule : l'infrastructure urbaine se résume à de la terre fracassée par le temps. De rares taxis s'y aventurent. Un pick-up antédiluvien s'arrête. Le conducteur montre la décharge où les enfants fouillent et lâche : «Ici, on fume le cannabis le soir.» Et repart. En plein ramadhan, sous un soleil de feu, les habitants se font rares. Les ruelles désertées ne se rempliront que pour la prière du vendredi. Des salafistes se dirigent vers une petite mosquée, coincée entre de courtes maisonnées. Ce lieu de culte suscite la crainte. Il est, selon la terminologie du ministre des Affaires religieuses, «hors contrôle». L'environnement assure à l'imam une certaine sécurité. La police intervient peu. En mars 2014, le porte-parole d'Ansar al-Charia, désormais en prison, officiait comme imam. Lorsque la police décida de le déloger de la mosquée où il prêchait, les affrontements culminèrent jusqu'à l'attaque des postes de police. Cocktails molotov, routes coupées au moyen de pneus enflammés, jets de pierre... Quelques arrestations suivirent. L'imam emprisonné, le quartier demeure un foyer de salafistes radicaux, phénomène entretenu par une misère endémique. Nizar a vingt-deux ans. Il est père de deux enfants. Son premier est mort à l'âge de deux mois. Mais la mosquée dite hors contrôle, tenue par les radicaux, a refusé son garçon. «Ils m'ont dit que je ne faisais pas mes prières, que je n'étais pas un bon musulman», explique ce jeune homme au physique sec. Il vit juste à côté de ce lieu de culte transformé en lieu de haine. Survient une voiture de la police qui arrive à vive allure. Se gare devant Nizar. Fusil mitrailleur à la main, un des policiers confisque pièces d'identité et passeport. «Une formalité », dit-il. Puis de tancer les Tunisiens : «Ce n'est pas patriote de parler de pauvreté et de salafisme aux journalistes.»




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