Algérie

Kader Belazouz, l'héritier de Slimane Azem



Kader Belazouz, l'héritier de Slimane Azem
Si le moindre mal de la chanson kabyle est de surmonter le phénomène de reprise des vieux succès, Kader Boulazouz a déjà réussi son pari : celui d’avoir résisté à cette mode si nuisible à la créativité. Pourtant, il avait plus de raisons d’y succomber.
Issu de la famille de Slimane Azem, il avait côtoyé dès son adolescence le maître dont il se rappelle surtout des paraboles, des allusions et des leçons de vie qu’il dispensait à chaque rencontre. Exilé en 1974, à 13 ans, en Moselle, un pôle sidérurgique de l’est de la France où le maître légendaire possédait un café, le jeune Kader a eu l’inégalable privilège de jouer avec lui dès cet âge. Pourtant, il ne se revendique pas comme son héritier. Il préfère sa propre marque et il ne fera pas de la chanson son métier. Il se contentera seulement d’animer des fêtes en constituant un groupe dans cette région, où son père l’a fait venir dans le cadre du regroupement familial. Il a chanté en avant-première Idir et Enrico Macias. Ses deux premiers albums, édités à 10 ans d’intervalle en 1987 et 1997, n’ont pas eu la fortune espérée. Dur apprentissage. Depuis, bien du chemin a été accompli et le dernier album qui sort, conjointement en France et en Algérie au mois d’août, est la preuve que la leçon a été retenue. À 45 ans, Kader Belazouz se révèle enfin comme un chanteur accompli. On a du mal à imaginer qu’il ait quitté son village juste après avoir arrêté de se sucer le pouce. La langue est pure et profondément ancrée dans une Kabylie qu’on a du mal à reconnaître sans la puissance de la nostalgie. En ces temps d’été, les amateurs de folklore et de la chanson légère ne seront pas déçus. L’album trouvera facilement sa place dans l’animation des fêtes. Il contient une invitation à la danse sur fond de paroles qui ne sont pas si légères. Mais l’album contient aussi une certaine gravité. Le titre phare, Wi hanan thévra yemmas, est une dénonciation sans complaisance du renversement des valeurs qui mine notre société. Y compris la Kabylie que l’on croyait profondément attachée à ses valeurs ancestrales d’honnêteté, d’humilité et de solidarité. Au lieu de cela, c’est l’exubérance qui balise le chemin. Q’importent les moyens, pour vu que l’on s’enrichisse. Et l’honnête homme ? Thévra yemmas !


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