Hier, mardi, 1er juin, a été enterré le grand dessinateur, caricaturiste algérien, Rachid Ahmed Aït Kaci, alias Kaci. Un dessinateur d'envergure mondiale, connu et reconnu dans plusieurs régions du monde, sauf...chez lui, en Algérie.Je tiens, par ce témoignage, à mettre en lumière le défunt sur qui l'adage "Nul n'est prophète dans son pays" s'applique si bien. Décédé à 74 ans, Kaci aura vécu la majeure partie de sa vie à l'étranger. Il aura eu la reconnaissance internationale avec les nombreux prix et distinctions acquis tout au long de sa carrière, mais en Algérie il a dû attendre 2013 pour enfin être distingué. Cette relation avec sa terre natale a été si "ambiguë" que même sa mort en est l'illustration.Ainsi son enterrement s'est déroulé en pays étranger. Kaci a eu finalement sa pierre tombale dans la région parisienne. Une fin qu'il appréhendait et qu'il se refusait de subir. "Je veux revenir au pays, finir ma vie ici et être enterré dans ma terre natale" m'avait-il affirmé, il y a quelques années. Il voulait définitivement s'installer à Alger. À ma question de savoir quand il comptait le faire, il me répondit : "Il me reste à régler quelques formalités administratives pour le logement et aussi de trouver le moyen de me soigner régulièrement ici". À l'époque déjà il était malade (insuffisance rénale). Malgré cela il avait pris le risque de faire le voyage. C'était il y a moins de trois ans, en octobre 2013, à l'occasion de la 6e édition du FIBDA (Festival international de la bande dessinée d'Alger). Durant son court séjour algérois (il vivait, depuis l'an 2000 en France, après avoir passé 10 ans à Saint Domingue et quelques années aux Etats-Unis) il était obligé de suivre un traitement de dialyse (tous les deux jours). Ceci ne l'empêcha pas de rester très disponible pour ses amis et pour ses nombreux admirateurs qui se sont déplacés à Riadh El Feth juste pour le rencontrer. Le FIBDA aura été ainsi l'occasion de l'honorer pour l'ensemble de sa carrière. D'ailleurs, à la même période, le premier livre qui lui a été consacré venait d'être édité. Kaci lève le voile (éditions Dalimen), un ouvrage écrit par l'auteur de ses lignes. Les préparatifs de ce livre m'avaient permis de connaître le personnage atypique qu'était Rachid (il insistait à chaque fois pour que je l'appelle Rachid). C'est ce qui me permet d'affirmer que l'Algérie a perdu le 22 mai dernier un grand artiste, qui avait un grand c?ur, et qui, surtout, aimait beaucoup son pays. Malgré la gloire obtenue, que ce soit en France, aux Etats-Unis, en Angleterre ou au Moyen-Orient, Kaci avait toujours refusé d'avoir un autre passeport. Il ne cessait de me répéter qu'il était fier d'avoir une seule nationalité. Kaci rejoint ainsi sa dernière demeure, après avoir quitté son pays, en silence. Les rares hommages posthumes qui lui ont été consacrés ne pourront jamais suffire pour décrire son passionnant parcours. Il laissera ses dessins pour la postérité. R.I.P Rachid. Salim KOUDILAuteur de "Kaci lève le voile" (éditions Dalimen, 2013)@SalimKoudil
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Posté Le : 02/06/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Salim KOUDIL
Source : www.liberte-algerie.com