Algérie

Justice pour le journaliste Charles Enderlin



La Cour de cassation a annulé la relaxe de Philippe Karsenty, directeur de l'agence Media Rating, poursuivi pour diffamation en 2008 par le correspondant de France2 à Jérusalem, Charles Enderlin. Il va donc être rejugé en appel.Paris (France).
De notre correspondant
L'affaire est relancée, cette fois-ci à l'avantage du journaliste. Plus de onze ans après, la justice n'a toujours pas mis un terme à la polémique entourant un reportage controversé de France2 sur la mort d'un enfant palestinien à Ghaza ; l'affaire devra être rejugée, la Cour de cassation ayant annulé une relaxe pour diffamation prononcée en 2008. Philippe Karsenty, directeur d'une agence de notation des médias, avait été condamné pour diffamation en première instance, en 2006, pour avoir accusé France2 d'avoir diffusé «un faux reportage, une pure fiction» comportant «une série de scènes jouées». Il avait été relaxé en appel, en 2008. France2 et le journaliste Charles Enderlin s'étaient pourvus en cassation. La haute juridiction a annulé cette relaxe car elle a jugé que la cour d'appel avait excédé ses pouvoirs en ordonnant à France2 de lui communiquer les rushes du reportage.
Au coeur de la polémique, un reportage de Charles Enderlin, correspondant permanent de France2 à Jérusalem, et de son caméraman palestinien, Talal Abu Ramah, tourné dans la bande de Ghaza le 30 septembre 2000, dans les premiers jours de la deuxième Intifadha. Protégé par son père, Mohamed Al Dura, 12 ans, y perdait la vie lors d'un échange de tirs entre l'armée israélienne et des Palestiniens. Les images, qui firent le tour du monde, ont donné lieu à une polémique sur l'origine des tirs ayant provoqué sa mort et sur une éventuelle mise en scène. Une campagne d'une rare violence s'était engagée contre le journaliste. Philippe Karsenty avait qualifié le reportage de «supercherie» et d'«imposture», allant jusqu'à évoquer «la fausse mort» de l'enfant. La chaîne de télévision publique France2 a riposté en attaquant en diffamation le directeur de l'officine. La cour d'appel avait jugé que les propos litigieux portaient «incontestablement atteinte à l'honneur et à la réputation des professionnels de l'information» ; cependant, elle avait reconnu au prévenu le bénéfice de la «bonne foi» et estimé qu'il n'avait «pas dépassé les limites de la liberté d'expression». Elle ne s'était pas prononcée explicitement sur le reportage, dont les rushes avaient été visionnés à l'audience.
Sur le site web de son agence de notation des médias, Philippe Karsenty avait exigé, en novembre 2004, la démission de Charles Enderlin et de la directrice de l'information de France2. Le Syndicat national des journalistes a salué la victoire de Charles Enderlin. Journaliste très estimé, le correspondant de France2 est le symbole d'un journalisme intègre, de la vieille école, qui refuse les codes de l'écriture actuelle télévisuelle, préférant le sens au sensationnalisme. Suite de l'affaire dans quelques mois.
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