Rien ne pouvait mieux tomber que l'inauguration du nouveau siège d'une cour de justice pour parler comme le pouvoir adore le faire de la... justice. En visite à Constantine pour l'occasion, le garde des Sceaux n'a donc pas boudé son bonheur : la nouvelle bâtisse, certainement rutilante, ne peut illustrer autre chose que le «changement», dans le bon sens, bien évidemment, de l'institution judiciaire. En attendant de passer à toutes les autres preuves du renouveau en la matière, M. Zeghmati fera preuve d'une touchante humilité. S'il le suggère clairement, il ne s'attardera pas pour autant sur les «murs». Il n'en pense pas moins pourtant. Et de passer à autre chose, avec les mêmes objectifs, dans le même esprit et sur le même ton. Cette fois-ci, il sera encore question de vieilles histoires entendues. Il y en a même quelques-unes dont on pensait, par naïveté ou par lassitude, avoir terminé. Comme les casiers judiciaires et les certificats de nationalité dans les dossiers administratifs. Ou alors les erreurs de transcription des noms et des dates ou lieux de naissance. Mais voilà, nous en sommes encore là et manifestement il en sera ainsi pour longtemps encore. Si le souci était d'en finir, on n'aurait pas «travaillé» à faciliter l'acquisition du certificat de nationalité et le casier judiciaire. On aurait simplement supprimé ces documents dont le moins qu'on puisse dire est qu'ils sont anachroniques. Il faut en effet vraiment le faire en 2021 : demander à quelqu'un qui dispose d'une carte nationale d'identité et d'un passeport algériens, de prouver autrement sa... nationalité algérienne ! S'agissant du casier judiciaire, ce n'est plus au citoyen de fournir les états de sa moralité mais aux services qu'il sollicite d'y enquêter. Mais il faut encore y revenir pour donner du volume à la visite et surtout aux prétentions nationales du discours du jour. Le «traitement informatique» des dossiers, le «rapprochement du citoyen» de l'institution judiciaire et quelques autres bricoles peuvent suffire, le tout étant de rester dans l'esprit, mais abondance de bien ne nuit pas, n'est-ce pas, quitte à convoquer les ficelles usées. Comme celle des coups de gueule populistes contre la bureaucratie. En fait, il s'agit juste de réduire la justice à une... administration et d'en améliorer le fonctionnement technique et tout ira bien. Cela procède d'une vieille certitude : le peuple a besoin de pain, pas de démocratie. Il a donc besoin d'une vie facile, pas d'une... justice indépendante !S. L.
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Posté Le : 07/02/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Slimane Laouari
Source : www.lesoirdalgerie.com