Cette année, à
l'occasion de l'Aïd Al Adha, la grâce présidentielle a été singulière: pour la
première fois de l'histoire de la justice algérienne, des sportifs sont touchés
par la clémence du premier magistrat du pays.
La mesure a de
quoi étonner, car jusqu'à présent, seuls les détenus de droit commun sont en
général concernés par ces mesures de grâce.
Cette fois-ci, le décret présidentiel 09-398
du 9 Dou El Hidja 1430, correspondant au 26 novembre 2009, paru dans le dernier
Journal officiel en date du 29 novembre 2009, tombe comme un événement à la
limite de l'insolite, sinon confectionné par rapport à une conjoncture
nationale particulière. Le décret présidentiel stipule dans son article 1er ceci:
«les personnes sportives détenues et non détenues condamnées définitivement
appartenant à l'élite nationale, aux associations et aux clubs sportifs
bénéficient des mesures de grâces à l'occasion de l'Aïd Al Adha, conformément
au présent décret. Bénéficient aussi des mêmes mesures les dirigeants des
organismes cités ci-dessus ainsi que les sportifs détenteurs de titre au niveau
national ou international, et les arbitres régulièrement accrédités.»
Ce décret indique en fait qu'il y aurait des
sportifs, des dirigeants de clubs et des responsables d'associations sportives
en prison. Leurs procès et leurs détentions, pour la plupart, sont passés
inaperçus, hormis le cas très médiatisé de Meziane Ighil, joueur et dirigeant
du NAHD, ainsi qu'ancien coach national, dans l'affaire Khalifa. Beaucoup de
sportifs ont fait de la prison, pour une cause ou pour une autre, et la
décision de les élargir, outre la clémence du premier magistrat du pays,
intervient dans un contexte particulier pour les Algériens amateurs de football:
une si précieuse qualification à la Coupe du monde et à la CAN.
Les péripéties du match décisif contre les
Pharaons égyptiens au Caire, puis le match d'appui à Khartoum, ont beaucoup
rapproché les Algériens et ranimé d'une façon tout à fait extraordinaire leur
fibre patriotique.
La prise en charge des supporters des Verts
pour le match d'appui à Khartoum, unique s'il en est dans les annales du sport
dans le monde, a quant à elle montré le vrai visage des Algériens, amoureux de
leur pays, fiers de leur emblème national. Est-ce cette joie retrouvée d'être
Algérien, une identification à travers le prisme d'une formidable équipe
nationale de football, qui aurait guidé le chef de l'Etat, après avoir reçu le
onze national de retour de sa victorieuse épopée cairote, à décider de libérer
de prison tous les sportifs condamnés définitivement ? Combien sont-ils à avoir
bénéficié de la clémence du premier magistrat du pays ?
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Posté Le : 28/12/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com