Après 18 années d’exil, celui-ci décida de rentrer dans son pays pour se mettre à la disposition de la justice. Le 3 octobre il est à Alger. D’entrée, devant la cour, son avocat, maître Bourayou, affirma avec force que celui qui est jugé n’a pas détourné de l’argent de l’Etat. La somme équivalente à 17 000 euros contestée en 1994 n’était que des avances sur salaire prises par l’intéressé. Le remboursement n’a pu se faire dans les délais Hocine Abdedou ayant perdu son poste et réduit ensuite au chômage. Et cet argent a servi à quoi ' Maître Bourayou martela devant les magistrats que le journaliste était confronté cette année-là à une situation douloureuse : aider les journalistes et artistes algériens ayant fui leur pays.
En grand nombre, ils l’avaient sollicité pour se nourrir ou se loger. Certains n’avaient même pas de veste, en plein hiver parisien. Et ils étaient nombreux. Souvenez-vous, dit avec force maître Bourayou, de cette période tragique lorsque le terrorisme faisait des ravages au sein du milieu intellectuel. Même vous, magistrats, aviez payé un prix lourd ! C’était le temps du sang et du désespoir. Des larmes coulèrent sur le visage de l’avocat, le silence était pesant dans la salle à l’évocation de cette tragédie, mais aussi de la solidarité qui se manifestait à cette époque. Des dizaines de journalistes et intellectuels se cotisèrent pour réunir la somme nécessaire au remboursement à l’APS des 17 000 euros que devait Hocine Abdedou. Dans une pétition adressée aux autorités judiciaires, ils plaidèrent sa cause.
Les journalistes présents dans la salle d’audience ne purent, eux non plus, retenir leurs larmes. Ils furent émus qu’un homme aussi généreux que Hocine Abdedou, journaliste de la première heure (au quotidien Alger ce soir en 1964), talentueux rédacteur en chef en 1979 d’Algérie Actualités), formateur d’une nuée de rédacteurs de presse, puisse être poursuivi en justice, séjourner à la prison d’El Harrach et apparaître menotté devant ses amis et collègues. Devant la cour, l’avocat de l’APS affirma qu’il n’y avait plus lieu de poursuivre l’accusé. Des responsables de l’agence et de la tutelle ont agi pour un dénouement heureux. La justice se montra cette fois-ci compréhensive et humaine : elle ne prononça qu’une année de sursis et une amende. Ce fut la fin des épreuves de Hocine Abdedou, que, par un paradoxe de l’histoire, sa grande humanité transforma en une victime collatérale du terrorisme.
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Posté Le : 08/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Bahmane
Source : www.elwatan.com