Algérie

Justice



Enfin, dira-t-on, justice va être rendue aux victimes du génocide cambodgien. Il a fallu trente années, marquées par de nombreuses tergiversations politiques, comme s'il ne fallait pas remuer le passé ou encore garder quelque secret, avant que ne s'ouvre aujourd'hui ce qui ne sera que le procès d'un exécutant. Celui d'un enseignant devenu tortionnaire et idéologue d'un régime comme l'Humanité en a rarement, sinon jamais vu. Celui des Khmers rouges qui croyaient pouvoir purifier la société au lendemain du retrait militaire américain. C'était le 17 avril 1975. Et cette fois, relève-t-on, ce régime renversé en 1979 par des troupes venues du Vietnam voisin, n'aurait jamais pu exister et agir de manière aussi horrible sans une puissante chape de plomb que seule la période de la guerre froide et les rivalités entre puissances pouvaient au moins tolérer. Et sans aller jusqu'à écrire l'histoire de cette période sombre de l'histoire contemporaine, l'Humanité retiendra un chiffre, celui du nombre de morts. Deux millions de Cambodgiens, soit le quart de la population de ce pays.Une page va être tournée, et l'on se plaît à dire que le système des Nations unies s'est doté d'une justice sur laquelle il y a beaucoup à dire, alors même qu'il est outillé pour prévenir de tels actes. On en voudra pour preuve ce qui s'est passé en Bosnie alors même que l'ONU y était présente et que les crimes en question ont été commis dans des enclaves supposées être sous sa protection. Ou encore au Rwanda où les avertissements du général canadien Roméo Dallaire résonnent encore comme autant d'appels de détresse. Sans que l'ONU ne bouge pas. Pour des querelles entre ses membres, disait-on alors. Le monde était-il à ce point insensible pour se laisser aller à de telles considérations, pour ensuite compter les morts et traquer les génocidaires, sans que l'on sache vraiment qui a fait quoi, ou encore qui sont les vrais responsables. Quant aux Palestiniens, ils viennent d'ouvrir un chapitre éminemment nouveau dans les annales internationales, en poussant dans leurs derniers retranchements des pays qui se vantent de la compétence universelle de leur justice. Ce qui devrait être exemplaire, mais à la seule condition de juger tous ceux qui sont coupables de crimes. Et là, il s'agit des dirigeants israéliens qui ont planifié, ordonné et conduit les massacres de Palestiniens.La récente agression contre la bande de Ghaza en est la preuve, mais il se trouve que de telles juridictions deviennent aphones et que des gouvernements amendent tout simplement leurs lois. Quant à ce qui tient lieu de justice internationale, soit la Cour pénale internationale, elle en est à étudier la recevabilité de la plainte déposée par les Palestiniens. Des milliers de morts et de blessés, et tous les éléments constitutifs de crimes de guerre, ne suffisent pas apparemment à faire réagir cette jeune institution habilitée à ne poursuivre que les Etats signataires de sa Charte. Parce qu'il a refusé de le faire, Israël tout comme certains Etats, ne sera jamais jugé pour les crimes qu'il commet quotidiennement. Une injustice et rien d'autre. Qui croira, ou encore comment croire à cette justice internationale qui juge qui elle peut ' Et là, c'est clair, il s'agit des vaincus. Vraiment trop peu, alors que l'Humanité mérite plus et mieux.


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