Algérie

Juste un mot : l'homme n'est qu'un homme (VIII) Culture : les autres articles



Juste un mot : l'homme n'est qu'un homme (VIII) Culture : les autres articles
Finalement, ils sont tous les mêmes.
En réalité, en ce monde, ceux qui bouffent et ceux qui triment ne sont jamais les mêmes. Plus encore, les premiers n'existent qu'aux dépens et au mépris des seconds. C'est là une vérité connue de tous et à laquelle nous souscrivons. Nous l'avons même souvent illustrée en colportant une histoire racontée par une amie, riche et toujours bien mise. Cette histoire, d'apparence banale, nous avons eu la faiblesse de la reprendre telle quelle, sans en percevoir le caractère pernicieux. Aujourd'hui, nous vous la conterons avec la rectification qui s'impose.
Il s'agit d'un lord anglais, fortuné, qui reçoit à Londres un ami nigérian, nouveau riche et même très riche, le pétrole étant passé par là, et aussi le blanchiment d'argent, disent les mauvaises langues. L'Anglais organise pour son ami une tournée des «grands ducs». Il commence par lui expliquer qu'aujourd'hui seuls les riches comme lui peuvent pénétrer au centre de Londres en bagnole (et quelle bagnole : une Rolls !) car il faut payer une taxe fort élevée. Ensuite, il lui fait découvrir les grands restaurants et les boîtes branchées de cette capitale mythique. Il l'entraîne à tous les spectacles et dans les lieux les plus réputés et les plus onéreux de la ville.
Ainsi, par exemple, il l'emmène à Wembley, le temple du foot, où le prix des places est devenu si exorbitant que seuls les riches peuvent y accéder. Quant aux pauvres, les enfants du peuple, ils sont réduits à regarder leur spectacle favori devant un écran télé en ingurgitant des litres de bière. Le lord est fier d'apprendre à son ami que la nouvelle mode, dans les familles fortunées londoniennes, consiste à payer des sommes astronomiques pour que leurs rejetons, qui ne seront jamais de grands footballeurs, puissent accompagner les joueurs de leur équipe favorite depuis les vestiaires jusqu'au centre du terrain, en passant par le tunnel.
Le summum de toutes ces balades a été gardé pour la fin : l'organisation d'une partie de golf dans le plus grand et plus prestigieux terrain, un «dix-huit trous» ! Notre ami nigérian est sous le choc. Il avait pourtant tout encaissé placidement jusque-là. Il flanche tout à coup et avoue à l'Anglais qu'à Lagos il y a l'équivalent de tous les lieux, monuments, magasins, restaurants et sites qu'il vient de visiter ; la seule chose qui manque chez lui, dit-il, c'est un terrain de golf aussi beau, tout en précisant que ce n'est pas l'espace qui fait défaut.
L'Anglais comprend et répond que la solution est toute simple : demain, à la première heure, ils iront dans la plus grande boutique de Londres pour acheter des graines de semences de qualité. Il lui explique qu'une fois arrivé au Nigéria, il n'aura plus qu'à choisir dans ses propriétés un terrain vallonné, le labourer, semer les graines, arroser, arroser encore ; ensuite attendre que l'herbe pousse, la faucher une première fois, arroser encore et la faucher une seconde fois ; puis, répéter cette opération durant' des siècles et c'est seulement bien après qu'il appréciera cette belle opération, celle de tondre son gazon. Alors, le gazon de Lagos sera aussi beau que celui de Londres !
L'histoire de notre amie, riche et encore toujours bien mise, s'arrête habituellement ici. Mais le temps, l'Histoire, notre Histoire, nous incitent à affirmer que l'Africain aurait dû rétorquer à l'Européen, à ce fils de l'Occident : «Ne vous inquiétez pas ! Toutes les opérations que vous venez de m'indiquer seront correctement réalisées chez moi. N'oubliez pas que ce sont les miens, les nôtres, qui les ont exécutées chez vous durant des siècles !...». Nous ajouterons que, malheureusement, cela dure encore.
Alors, pour sortir de cette histoire, empruntez comme nous la transsaharienne pour rejoindre le Burkina Faso en passant par Bordj badji mokhtar et en traversant le Mali enfin en paix.


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