Algérie

Juste un mot



Juste un mot
Un livre pour l'été, fort sympathique et facile à lire, est tombé par hasard entre nos mains. Kirk Douglas, le grand comédien américain, s'y raconte. Sa lecture a suscité en nous quelques idées que nous aimerions partager avec nos lecteurs aujourd'hui. D'abord, elle nous a permis de vérifier, trente ans plus tard, que nous ne nous trompions pas beaucoup lorsque, dans les années 1970, nous disions à notre ami Ahmed Benaïssa, cet autre grand acteur, qu'il ressemblait à Kirk Douglas. En effet, au-delà de leur fossette bien marquée au milieu du menton, ces deux comédiens ont en commun un sens particulier de l'humour et de la dérision et surtout une véritable passion du métier. Tout au long de son livre, Kirk Douglas ne cesse de répéter combien son métier lui a apporté, ce que dit souvent également Ahmed, mais il rappelle aussi que son métier lui a beaucoup rapporté, ce que malheureusement notre ami ne peut pas dire.Cependant, malgré les ressemblances, nous ne nous sommes jamais permis de pousser trop loin la comparaison, évitant ainsi le piège de la formule facile qui aurait pu nous conduire à traiter Ahmed Benaïssa de «Kirk Douglas algérien». Cette lecture nous a surtout permis de prendre connaissance d'un grand moment de la vie d'acteur de Kirk Douglas. Une réception grandiose était donnée dans l'un des palaces d'Hollywood pour célébrer la sortie de son dernier film, Van Gogh, réalisé par l'immense Vincente Minnelli. Le succès était total, tant auprès des critiques de cinéma que du public, ce qui est plutôt rare pour un film américain.Le triomphe se manifestait aussi par la présence de nombreuses personnalités de tous ordres : intellectuels connus, cinéastes, journalistes, hommes des arts et des lettres, businessmen et même politiciens. La puissance et l'argent régnaient en maîtres dans cette fête dédiée au 7e art. Au milieu de la soirée, quand les nombreux admirateurs ont enfin desserré l'étau autour de Kirk Douglas, voilà que John Wayne s'approche de lui et lui dit : «Sortons un moment, j'ai à te parler.» Tous deux se retrouvent alors sur un balcon qui semble dominer le monde tant lepaysage en contrebas est féerique. Sur un ton grave et déterminé, John Wayne déclare : «Je suis content d'être là. Je suis convaincu que tu es un grand acteur et j'ai vu tous tes films.Cependant, laisse-moi te dire que le rôle de Van Gogh que tu viens de jouer ne m'intéresse pas. Il ne me plaît pas du tout ! Je pense que des artistes comme toi et moi ne doivent pas interpréter des personnages de vaincus, de faibles, de torturés, d'intellectuels, encore moins le rôle d'un fou qui se coupe l'oreille. Nous devons montrer à l'écran la vie de nos glorieux ancêtres, les cow-boys, qui ont conquis l'Amérique, qui gagnaient toujours, et qui imposaient, là où ils mettaient les pieds, l'American way of life.» Avant de donner la parole à Kirk Douglas pour sa réplique, gageons que John Wayne n'avait jamais vu le film de Sam Peckinpah, La horde sauvage, dans lequel les cow-boys sont montrés comme des pillards sales et tricheurs, de sombres brutes, des lâches prêts à vous tirer dans le dos. Revenons à Kirk Douglas. Tout à la fois médusé et amusé par le prêchi-prêcha de son ami, il l'écoute attentivement jusqu'au bout, puis il lui lance cette réplique sublime : «Dis-moi, tu te prends pour John Wayne ou quoi '» P.S : Nos lecteurs peuvent facilement imaginer les réflexions et reproches de John Wayne à Kirk Douglas suite à son interprétation de Spartacus l'esclave noir révolutionnaire dans le film de Stanley Kubrick qui porte le même nom.




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