Gaïd Salah ne peut que constater n'avoir pas convaincu le mouvement citoyen et la majorité de la classe politique en affirmant qu'il est «avec le peuple et à ses côtés pour le meilleur et pour le pire» et déterminé à en finir avec «la bande qui a fait de la fraude, de la malversation et de duplicité sa vocation». Ces acteurs de la crise provoquée par l'intention de Bouteflika à briguer un cinquième mandat ont certes applaudi son ralliement à l'activation demandée par eux de l'article 102 de la Constitution pour empêcher la mascarade en préparation par le clan présidentiel. Mais ils ont vite déchanté sur son ralliement à la cause et aux revendications du peuple.Devenu l'homme fort du pays suite à la démission de Bouteflika, le chef de l'état-major de l'armée leur a tôt fait comprendre en effet que ce n'est pas la «rue» ou la classe politique qui détermineront ce qui allait être la transition politique et qui en seront les hommes qui la piloteront. Se prévalant d'un «respect» scrupuleux de la Constitution, Gaïd Salah est devenu sourd aux appels de l'une et l'autre sollicitant la caution de l'armée pour une transition qui tout en ne sortant pas du cadre constitutionnel ferait droit à l'exigence formulée par la population que les symboles et piliers institutionnels du régime dont elle réclame le démantèlement n'en soient pas parties prenantes.
La transition qu'il parraine malgré son rejet s'exprimant en force dans les marches du vendredi et les mises en garde sur la situation d'impasse à laquelle elle mène s'élevant de la classe politique n'est soutenue que par les parties de l'alliance politique ayant eu grande part dans les errements et dérives du régime vomi par les Algériens. Ce qui est la preuve qu'ils y voient la bouée de sauvetage qui les préservera du dégagisme dont ils sont la cible de la part du mouvement citoyen. Gaïd Salah a beau promettre que l'armée veillera à ce que la transition constitutionnelle fasse satisfaction aux revendications populaires, il n'obtiendra pas l'acquiescement à sa mise en ?uvre de la part du mouvement citoyen et de la classe politique qui en ont rejeté le principe.
Droit dans ses bottes, le chef de l'état-major de l'armée du moins tant qu'il estimera que les intérêts de l'institution lui imposent cette posture, ne veut pas composer avec ces acteurs de la crise. Ce qui va inéluctablement rendre inextricable celle-ci et valoir au pays une rupture de confiance aux dangereuses conséquences avec son armée qui est par ailleurs garante de la sécurité de ses frontières dans un contexte régional lourd de menaces qui vont en se précisant avec les situations prévalant dans les pays qui en sont limitrophes.
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Posté Le : 15/04/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kharroubi Habib
Source : www.lequotidien-oran.com