Algérie

Juridisme



Ils seraient douze mille Syriens, selon le ministère de l'Intérieur, à avoir jeté leur dévolu sur l'Algérie comme terre de refuge. Le nombre est certes important, du moins assez surprenant, si l'on en juge par la distance qui sépare les deux pays, même si l'on est loin des soixante-dix mille Syriens qui ont gagné la Turquie toute proche et des autres dizaines de milliers de leurs compatriotes qui, eux, ont fui vers les autres pays voisins, soit le Liban, l'Irak ou la Jordanie. Mais la prise en charge matérielle de ceux qui ont préféré venir chez nous ne risque pas de ruiner l'Etat algérien, d'autant que beaucoup d'entre eux ont trouvé le gîte et le couvert chez des familles et des particuliers.
De fait, les autorités algériennes ne peuvent pas se cacher derrière des difficultés logistiques ou financières pour fuir ce qui, sauf à se voiler la face, relève d'un devoir éthique. Elles invoquent plutôt des considérations juridiques qui les empêcheraient de reconnaître aux réfugiés syriens le statut de... réfugiés. La raison ' Ils ont opté pour l'Algérie où ils peuvent se rendre sans visa d'entrée, ils sont venus en qualité de touristes, par des vols réguliers d'Air Algérie. Et, puisqu'ils sont arrivés sur le sol algérien en empruntant cette 'voie normale" qu'ils auraient empruntée en temps de paix, ils perdent leur qualité de réfugiés et le gouvernement du pays d'accueil, l'Algérie en l'occurrence, semble tenté d'appliquer les accords bilatéraux conclus en 'temps normal" entre Alger et Damas. Du coup, le séjour des réfugiés syriens en Algérie ne pourrait durer plus de 90 jours, qu'il vente ou qu'il pleuve des missiles à Damas et à Alep !
Que nos autorités se barricadent derrière un juridisme rigide pour ne pas avoir à assumer des choix politiques, ou derrière des calculs politiques pour tordre le cou à la législation, le fait n'est pas nouveau. Mais, jusqu'ici, ce genre de dérobade était observé uniquement dans le cadre de la conduite des affaires algéro-algériennes. Il est vrai que le facteur de la souveraineté nationale doit être considéré à sa juste valeur dans la gestion de ce dossier, mais face à une crise dont la dimension internationale est établie, l'Algérie ne peut sûrement pas reproduire le mode opératoire dont elle use pour traitement de ses propres affaires. n


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