Algérie

Junior Tshaka. Musicien et compositeur suisse : «Le métissage des peuples est une force»


Junior Tshaka. Musicien et compositeur suisse : «Le métissage des peuples est une force»
-Vous-vous àªtes produit pour la première fois en Algérie. Comment avez-vous trouvé le public algérois ' Le baromètre était plutôt chaud. Cela s'est très bien passé avec le public algérois. J'avais des appréhensions, je ne savais pas comment cela allait se dérouler avec ce public si charmant. C'était très ouvert. J'ai senti des gens calmes et intéressés à  la fois, prêts à  entrer dans le jeu. C'était un public vraiment complice. Ces trois scènes sont, pour nous, mémorables. -Comment avez-vous basculé dans l'univers musical ' J'ai la chance d'avoir un grand frère qui faisait de la musique. Il m'a introduit dans ce milieu. J'ai baigné dans ce monde de par son adolescence. Sinon, je ne suis pas issu d'une famille de musiciens. J'ai eu la chance également de suivre des cours de guitare et de différents autres instruments musicaux. A l'adolescence, j'ai fait plusieurs concerts. J'ai foulé, pour la toute première fois, les planches de la scène à  l'âge de 14 ans. A partir de là, la musique a fait partie de ma vie. J'ai toujours continué à  jouer et à  composer. C'est plus tard que j'ai ressenti le besoin de m'exprimer et de parler de choses que je voyais dans le monde ou encore de sujets qui me touchaient. -Justement, vos textes sont à  forte connotation revendicative et pacifiste à  la fois ' Quand j'écris mes textes, je ne me rends pas compte de tout cela. C'est surtout un besoin de m'exprimer, de partager des sujets de discussions. C'est comme si on faisait un débat. -Comment définissez-vous votre musique ' Je ne la définis pas vraiment. Ma musique est un mélange de reggae et de chansons françaises. Dans mes textes, il n' y a pas d'orientation politique. Il y a tout simplement un àªtre humain qui a eu un besoin de s'exprimer, parce que ce qu'il voyait l'a choqué sur certains points. Je dénonce ces injustices qui m'ont touché, non pas parce que je suis pour un clan ou un autre, mais parce que j'ai vu des problèmes et des déséquilibres. Je ne suis le représentant de personne. Je ne suis qu'un regard sur des choses. Par ailleurs, j'ai été touché par le reggae quand j'avais une quinzaine d'années. J'ai été marqué par la musique de Bob Marley. J'ai commencé à  écouter sa musique et j'ai été passionné sans vraiment comprendre pourquoi.
Après, je suis devenu passionné par l'Afrique, et franchement j'ai du mal à  expliquer cela, c'est venu naturellement. Dans la musique de Bob Marley, j'ai compris qu'il y avait une notion d'Afrique. Je voulais donc parler de ce continent, et j'y suis parti fouiller. Après, plus j'avançais, plus ma passion prenait un sens. L'Afrique, c'est le berceau de l'humanité. -Justement, vous revendiquez cet attachement au continent africain... J'ai du mal à  expliquer cela. Cela s'est fait naturellement. Certains sont attirés par le foot, moi c'est le continent africain (rires). J'ai compris qu'il y avait une notion d'Afrique. Pourquoi je suis allé vers ce continent '  Je ne sais pas. Cela s'est fait naturellement, comme un voyage. J'ai, effectivement, un rapport particulier avec l'Afrique. C'est pour moi la terre mère. C'est comme si je venais chez ma grand-maman. J'aime les gens de ce continent. Je me rends très souvent au Sénégal. Je vois des gens simples qui ne vivent pas forcément dans le luxe, notre quotidien en Suisse. Même si on ne vit pas tous dans le luxe, c'est une autre culture. C'est un autre rythme de vie. J'aime partager et échanger. C'est vraiment une histoire d'amour avec ce continent. Chez moi, il y a plusieurs personnes qui ont peur de ce continent, de ses gens et de ses mélanges. Je suis convaincu que le métissage est une force. Je demeure persuadé que c'est à  travers la musique qu'on arrive à  se mélanger et à  trouver une unité. C'est ce que je vis en somme sur scène. Mon passage à  Alger est une preuve tangible.       -Le prochain album est prévu pour quand exactement ' Il y a eu beaucoup d'épisodes après la sortie de notre dernier disque. Cela a été un grand tremplin qui nous a fait faire une grande tournée à  travers l'Europe, depuis la sortie de notre album auquel des amis sénégalais ont collaboré. On s'est donc retrouvés en tournée dans toute l'Europe. Et à  la fin de cette tournée, on a eu un grave accident de bus en rentrant d'un concert. On a mis des mois pour nous relever. L'album commence à  dater, mais le prochain est en route. Nos projets se résument en la concrétisation d'un nouvel album en septembre prochain. C'est un label français qui sort notre futur album et j'espère qu'il sera distribué le plus loin possible. Avec Internet, tout peut se commander. On compte également relancer la tournée. -Pouvez-vous revenir sur votre rencontre avec le groupe musical algérien El Dey ' Nous avons partagé effectivement la scène de l'auditorium de la Radio nationale avec le groupe algérois El Dey. Les deux groupes ont exécuté une partie de leur répertoire. Ensuite, nous nous sommes  mélangés au début et à  la fin du concert. Nous avons montré que deux musiques d'origine différente peuvent se mélanger. Nous sommes deux groupes compatibles. On s'est rencontrés parce qu'on venait en Algérie et qu'il y avait une possibilité d'échanges et de rencontres. Je dois reconnaître que c'est assez facile de mélanger n'importe quel style de musique tant que ce cela est dans le même état d'esprit. J'espère qu'après cette petite collaboration avec le groupe El Dey, il y aura une suite. Je laisse faire les choses. Peut-être qu'on aura la chance de les inviter en Suisse. Et qui sait, peut-être qu'on sortira un single ensemble. C'est un peu la force de la musique. On laisse germer les choses, c'est comme une plante qu'on arrose. Moi, je laisse vivre les choses sans trop me fixer de but précis. Mais bien sûr, si l'élan va dans le bon sens, on fera des choses fructueuses.
 
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