Algérie - Haras National Chaouchaoua	(Commune de Tiaret, Wilaya de Tiaret)


Jumenterie de Tiaret : un patrimoine à préserver
Considérée depuis des lustres, comme le grenier de l’Oranie en matière de production agricole, voire agro-pastorale, Tiaret est aussi le berceau de l’élevage équin auquel elle consacre une reconnaissance inaltérable. Cela s’explique par l’existence de ce joyau du cheval, la jumenterie ou le haras national Chaou Chaoua qui conçoit une source équine et un vecteur emblématique de fierté, dont l’ampleur est allée au-delà des frontières. Créée en 1877 et installée sous l’escarcelle du ministre français de la Guerre avant de devenir patrimoine national en 1947 quand elle fut affiliée au ministère l’Agriculture. Les français s’octroyaient comme objectif de sa création une perspective de pouvoir produire un cheptel en mesure d’égaler la cavalerie de l’Emir Abdelkader qui comportait des chevaux pur-sang arabe, jouissant d’une incontournable endurance sur les terrains du combat.
Laquelle qualité, conjuguée à leur dextérité, est mondialement avérée. En furetant dans la fiche technique de la jumenterie, nous avions découvert que ses premiers étalons du pur-sang arabe, une race qui a toujours fait sa renommée, étaient originaires de Syrie, alors que ceux de la race barbe étaient issus de la production locale. Aujourd’hui, avec un effectif conséquent, elle assure un rôle considérable dans le développement et la progression de cette espèce. « Sa présence effective sur l’échiquier des courses hippiques est remarquable à plus d’un titre, dans la mesure où des centaines de chevaux sont propulsées dans ce circuit », nous affirmera un cadre du centre équestre qui maintiendra que près de 65% des recettes du Pari Mutuel Urbain (PMU) émanent de gageures sur les épreuves de chevaux arabes et plus de 90% de ces chevaux sont produits à Tiaret où tous les ingrédients sont de mise quant à la bonne conduite du cheptel.
Dès lors, la jumenterie de Tiaret sert aussi d’un lieu de production même pour les éleveurs particuliers qui sollicitent ses services pour l’accouplement de leurs juments. Située à la sortie Est du chef-lieu de wilaya, la jumenterie de Tiaret, grâce à l’incontournable volonté de son personnel, s’efforce de conjuguer les efforts pour prémunir et protéger la nitescence de la race équine. « Mais, il n’est pas toujours aisé d’atteindre ses objectifs tant les moyens font défaut, dans la mesure où la jumenterie est laissée à elle-même sans pour autant faire objet d’une quelconque assistance », nous affirmera notre interlocuteur qui met en exergue l’autonomie qui couvre cette entité.
En effet, si cette dernière subsiste toujours, c’est grâce à son exploitation agricole qui s’étend sur une superficie de 371 hectares et accuse environ 60% du chiffre d’affaires. Ce dernier enchaînera que « environ soixante dix chevaux, dont 58% de pur-sang arabes et 42% de barbes, sont vendus annuellement aux enchères publiques à Tiaret, Oran et Zemmouri. Nonobstant, illustrée par la production spécifique de ces deux races, la jumenterie de Tiaret fournit aussi un cheptel pour l’exportation, singulièrement des barbes, vers certains pays à l’instar de l’Allemagne, le Brésil et la France. Cependant, on ne peut parler du cheval, à Tiaret, sans évoquer les traditions et l’artisanat liés à cette espèce et qui font, aujourd’hui comme toujours, la richesse impérissable des armoiries culturelles exposées dans les réjouissances coutumières locales, fêtes et zerdas de la région. Dans ce contexte, on cite l’hippisme, une coutume ancestrale, qui trouve une position singulière ainsi que la fabrication de sellerie, notamment celle de Sougueur, qui constitue l’une des plus importantes industries artisanales de la région.

PARTICULARITÉS DES CHEVAUX BARBES ET PUR-SANG ARABES
Indubitablement, les spécificités du cheval pur-sang arabe, ainsi que sa consistance, étaient déjà certaines vers la fin du premier millénaire, sous la dynastie des Abbasside. Sa résistance et sa frugalité sont dues à de longs centenaires dans un environnement nomade en milieu antinomique. Il s’agit, en somme, d’une bête réputée pour sa promptitude, sa ténacité et son courage. Il s’illustre par une peau très ravissante et son caractère peu délectable. Quand au cheval barbe, dit des pays maghrébins, il est issu d’une race pure dont les étalons sont aborigènes de l’Afrique du Nord, voire de l’Algérie, Maroc, Tunisie et Libye. Obéissant et agreste, il est adapté, depuis des lustres, pour la chasse, l’exhibition, le travail et le combat. Compagnon classique des nomades, le cheval barbe, en plus des activités culturelles auxquelles il est mêlé, jouit de certaines caractéristiques qui le distinguent par sa conception dans de nombreuses activités sportives contemporaines, comme l’apprentissage de l’équitation, l’endurance, le polo, les chevauchées équestres touristiques, le dressage, etc.… S’agissant de l’origine de son nom, elle émane des grecs qui, pour indiquer les habitants de l’Afrique du Nord faisaient usage du mot «Barbaros» qui signifie tout ce qui est «non grec ou étranger», un vocable imité par les Romains puis par les Arabes et qui a fini, par la suite, par les appellations de Barbare, barbarie, barbaresque, berbère, avant qu’il ne soit transformé, beaucoup plus tard, par les Français qui l’ont nommé Cheval barbe.

Où EST PASSé LE SALON DU CHEVAL ?
Longtemps mis aux oubliettes, voire une absence qui aura duré plus d’une décennie, le salon international du cheval a dû reprendre en 2008, quand les autorités, tant locales que nationales, avaient décidé d’en faire un événement particulier et ce, avant de le remettre de nouveau aux calendes grecques. Une manifestation qui s’est toujours distinguée par la cotation des alternatives civilisationnelles, culturelles, économiques et touristiques de la capitale des Hauts-Plateaux de l’Ouest algérien. L’événement avait aussi, pour habitude, drainé, à chaque organisation, une affluence considérable avec pas moins des centaines de participants dont des étrangers qui représentaient plusieurs pays. Dans sa feuille de route, la manifestation s’est toujours caractérisée par une flopée d’actions comme l’équitation traditionnelle (fantasia) et contemporaine, l’exposition et la vente de chevaux, de sellerie et autres équipements liés au cheval, animations artistiques, concours international d’endurance, épreuves de saut d’obstacles, exhibition de voltige, courses hippiques, concours modèle et allure, parade équestre, séminaire vétérinaire, conférence sur l’historique du cheval, concours de maréchalerie, ainsi que des randonnées équestres ayant permis, si besoin est, de catapulter l’écotourisme, à travers les différentes zones rurales particulièrement. Dans ce sillage, on ne peut que citer certains exemples de cavaliers émérites qu’a connu Tiaret, à l’instar des frères Rebai, voire Djamel et Mohamed, montant respectivement Taki et Fakir, Mohamed Tahri montant Nahr Ellil, Benkhatou Illyès montant Josra, l’indétrônable Mettidji Seddik, du club équestre Emir Abdelkader, montant Guelbi ainsi que Rahou Nacéra, cette dynamique jeune fille montant plusieurs juments qu’elle aurait initiées à elle seule durant de longs mois contre vents et marées.
Par ailleurs, autant vanter que la capitale Rostémide reprendre du poil de la bête pour réhabiliter et préserver le cheval, ce patrimoine capital, avec son environnement fétiche.
M. Zouaoui

Tiaret ou l’histoire qui ne cesse de s’agiter
S’étendant sur une superficie de 200 505 Km2, pour une population de 839.417 habitants, selon le recensement de 2008, répartie à travers 14 daïras et 42 communes, la wilaya de Tiaret est localisée au Centre ouest de la région des Hauts-Plateaux. Elle est distante de 300 Km de la capitale, Alger, et délimitée par la wilaya de Tessemsilt au Nord, celles de Relizane, Mascara et Saida à l’Ouest et El-Bayadh, Laghouat et Djelfa au Sud. De vocation agro-pastorale, elle se particularise par son climat semi- aride et très froid en hiver et un été chaud et sec. Sa configuration et sa disposition géographique attribuent à cette région un cachet de trait d’union entre les quatre coins du pays. La richesse de cette région est, à l’instar de bien d’autres du pays, son identité qui se veut un patrimoine fondamental. Il s’agit d’un sceau de mémoire caractérisé par des archives naturelles que sont ses sites archéologiques qui symbolisent les témoignages palpables gratifiant et protégeant son histoire et son terroir culturel. Comme le disait si bien un penseur, « un peuple sans histoire et sans passé est un peuple sans identité ». Donc, autant faire de ces fouilles une revendication concrète pour réhabiliter cette région avec son histoire tumultueuse sur laquelle nous reviendrons.


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