Algérie

Jugurtha ou le refus de Josiane Lahlou, (Roman) - Éditions Dalimen , Alger, 2007



Jugurtha ou le refus de Josiane Lahlou, (Roman) - Éditions Dalimen , Alger, 2007
Après la mort de son père, Jugurtha est recueilli par son oncle Micipsa, qui le fait venir à sa cour, à Cirta (Constantine), et l’entoure des mêmes soins que ses propres enfants, Adherbal et Hiempsal. Sa vie dans un palais royal ne lui donne, cependant, ni le goût du luxe ni les habitudes de paresse.

Un Jugurtha “affranchi de la vision réductrice des auteurs latins qui, en vérité, ont été malvenus de forcer sur le trait de l’héroïsme de l’un des plus grands adversaires de Rome”.

Tel est, grosso-modo, le message que livre Josiane Lahlou à travers ce livre d’histoire intitulé “Jugurtha ou le refus”, publié récemment aux Editions Dalimen. Cet opus à forte connotation romanesque est réalisé sur la foi de documents attestés. L’auteur s’appesantit sur l’entichement du héros des anciens temps avec une Romaine et analyse ses hauts faits d’armes à Numance en s’alliant avec l’illustre Scipion Emilien. Après la mort de son père, Jugurtha est recueilli par son oncle Micipsa, qui le fait venir à sa cour, à Cirta (Constantine), et l’entoure des mêmes soins que ses propres enfants, Adherbal et Hiempsal.

Sa vie dans un palais royal ne lui donne, cependant, ni le goût du luxe ni les habitudes de paresse. L’adolescent continue de pratiquer plusieurs sports, notamment l’équitation - il monte à cheval sans selle, ni brides, ni mors, ni éperons - le lancer du javelot, la course et la chasse. Parallèlement, il s’initie à la philosophie grecque. Jugurtha possédait un charisme tel qu’il suscitait l’ardente affection des Numides… Bientôt, il se laisse convaincre que la valeur et le prestige acquis, le rendaient digne de gouverner seul si son oncle venait à disparaître.

Pour cela, il doit se débarrasser des deux héritiers légitimes, ses cousins Adherbal et Hiempsal. Sur le conseil de Scipion Emilien, le roi se décide à le légitimer, espérant ainsi l’amadouer. Trois ans plus tard, Micipsa meurt à l’âge de 80 ans. Les trois jeunes princes décident de partager les trésors royaux puis, à une date ultérieure, le royaume lui-même. Jugurtha, qui a déjà décidé de se débarrasser de ses deux cousins, fait assassiner le plus jeune et le plus ambitieux : Hiempsal.

Une seule bataille lui suffit ensuite pour conquérir toute la Numidie. Adherbal, qui a le statut de “roi client de Rome”, cherche alors asile chez ses protecteurs. L’empire Romain envoie dix sénateurs pour partager le royaume entre les deux princes. Adherbal reçoit la Numidie orientale pour former une zone tampon entre la province Romaine d’Afrique et les états de Jugurtha qui s’étendent jusqu’à la Maurétanie, au fleuve Muluccha (Moulouya). La frontière entre les deux royaumes se trouvait alors à l’ouest de Cirta. La capitale de Jugurtha était Iol (Cherchel) - ou Siga (près de l’embouchure de la Tafna).

Jugurtha, qui n’est pas satisfait du partage, attaque le royaume d’Adherbal quatre ans après (en 112 avant J-C). Incapable de résister aux assauts de son belliqueux cousin, Adherbal se réfugie à Cirta. Jugurtha recourt au blocus. Au bout de cinq mois, les habitants manquent d’eau et de vivres. Sommé par Rome de lever le siège, sous peine de graves sanctions, Jugurtha refuse. Désespéré, le roi assiégé capitule.

Les Romains finissent par déclarer la guerre au roi numide. De 112 à 105 avant J.C., Jugurtha défait à plusieurs reprises les légions romaines, remporte aussi plusieurs batailles à Calama (Guelma), près du fleuve Muthul, ou à Zama (Jama), et en perd d’autres à Cirta, Sicca Veneria (le Kef), Thala et Capsa (Gafsa). N’ayant jamais réussi à unifier toutes les tribus numides sous son commandement, il finit par perdre la guerre.

Vaincu par Marius, il est finalement livré à Sulla par Boccus, son beau père, le roi des Maures. En janvier 404 avant J.C. lui et les siens sont menés au triomphe de Marius à travers les rues de Rome. Le roi déchu est jeté dans la prison de Tullianum, un cachot souterrain en partie inondé, privé d’air et de lumière, où le bourreau lui passe un lacet autour du cou et l’étrangle. Le roi déchu n’a que 50 ans. Il restera pour la postérité comme le premier de la longue liste de ceux qui ont crié un jour “l’Afrique aux Africains”.


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