La 1re édition des Journées du film citoyen, organisées par Derb Cinéma de l’Association culturelle La Grande maison, s’est ouverte avant-hier à la cinémathèque Djamel Eddine Chanderli, et ce, dans une ambiance des grands festivals du 7e art.
Des Journées avec comme objectif «créer une rencontre qui réunit le monde du cinéma algérien (réalisateurs, producteurs, acteurs, ciné-club….) et les acteurs de la société civile… sous le volet de la citoyenneté».
La barre a été placée haut – sans exagération aucune –, et pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître. La soirée, animée par Nadir Benahmed, Amine Hafhaf et Sabiha Benmnsour et rehaussée par une performance artistique de Abdelkrim Bedjaoui et Walid Hakim, a été ouverte par Amussu (Mouvement, en tamazight), un film marocain de Nadir Bouhmouch de 1h39’.
Une projection précédée par une exposition de sept photographes professionnels. En présence d’un grand public, en majorité juvénile et des deux sexes. Un bonheur ! Une histoire passionnante. Une révolte de citoyens pour préserver leur environnement. Combattre l’argent gagné au détriment de la santé.
«Depuis juillet 2011, des habitants occupent le mont Alban pour maintenir fermée une vanne d’eau qui alimentait la mine d’argent exploitée par la SMI (Société minière d’Imiter).
La mine d’argent la plus productive d’Afrique extrait chaque année 240 tonnes d’argent pur en utilisant l’eau des aquifères de nos villages. Alors que nos fermes commençaient à s’assécher, nous nous sommes révoltés…»
Dans une déclaration collective, le Mouvement affirme : «Amussu fait office de document d’archives pour les générations à venir, préservant une partie importante de la mémoire collective des luttes de notre tribu», tout en citant le proverbe amazigh selon lequel «un événement sans poème est un événement qui n’a pas eu lieu».
«J’y ai trouvé quelque chose de vraiment différent de ce que je connais des autres luttes au Maroc», raconte le réalisateur, qui ajoute avoir voulu «filmer une victoire». Dans ce chef-d’œuvre, le chant est là. Omniprésent.
La poésie n’est-elle pas une forme de résistance, de lutte, de solidarité, d’espoir ? Amussu a été projeté en avant-première à Imider, au mont Alban, en plein air.
La première internationale du film a eu lieu à la fin du mois d’avril au festival Hot Docs, à Toronto, et a remporté le Grand Prix du 11e Festival international du film documentaire d’Agadir et devrait continuer de tourner à travers l’Europe et dans les pays du Maghreb…
Un débat enrichissant a suivi la projection qui nous rappelle le bon vieux temps des Ciné-clubs et l’avènement du 7e art algérien.
Au programme de samedi, le documentaire algérien Tours et Détours de Leila Morouche et Oriane Brun-Moschetti, Dann fon mon ker de Sophie Louys, Le petit papa 18 de Morthada Ghannouchi, Waiting shots and a shot de Youssef Sanheji, Helwan ana de Mohammed Adel El Safety et La Vallée de Nuno Escudero.
Dans la matinée du vendredi, le public, toujours aussi nombreux et intéressé, a assisté au Théâtre forum à une belle performance de la troupe du projet Algérie «Tours et Détours», animée par le talentueux Fawzi Kara. En début de soirée, le public a eu tout le loisir d’apprécier Mon Cousin anglais de Karim Sayad.
Un documentaire passionnant, distingué à Leipzig et à Toronto. «En 2001, Fahed arrive en Angleterre des rêves plein la tête. Régularisé après dix années de clandestinité et d’efforts démesurés, il souhaite aujourd’hui rentrer dans une Algérie qu’il avait pourtant choisi de quitter…» Maintenons le suspense !
Ces journées, comme les a qualifiées un cinéphile pur et dur, sont des «moments de partage, de plaisir et de rêve…» On ne peut mieux dire ! Tlemcen, avec cette manifestation, réhabilite le citoyen avec le cinéma.
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Posté Le : 03/01/2020
Posté par : tlemcen2011
Photographié par : Chahreddine Berriah
Source : El Watan