De sanglants affrontements ont eu lieu entre mouvements islamistes à Ghaza, tandis qu'Israël se réjouit de cet énième épisode dans la série des guerres fratricides interpalestiniennes. Les combats ayant opposé des membres du Hamas à ceux du groupuscule Jounoud Ansar Allah (les soldats des partisans de Dieu) ont fait 24 morts et au moins 130 blessés à Rafah, ville frontalière avec l'Egypte, selon un porte-parole des services des urgences palestiniens. Quatre des blessés sont considérés comme « cliniquement morts » et les autres sont « grièvement atteints », a-t-il précisé. Des combats acharnés ont même eu lieu dans des tunnels creusés sous la frontière avec l'Egypte », a indiqué un porte-parole du ministère de l'Intérieur à Ghaza, cité par l'AFP.
La police du Hamas a donné, vendredi, l'assaut à une mosquée du quartier dit du Brésil, à Rafah, dans laquelle s'étaient retranchés des membres de Jounoud Ansar Allah, selon l'AFP. Le chef spirituel de Jounoud Ansar Allah, Abdelatif Moussa, et son adjoint, Abou Abdallah Assoury, ont trouvé la mort quand la police a fait sauter une maison où ils se trouvaient, à Rafah. Des témoins ont confirmé avoir entendu des explosions, sans pouvoir préciser si Abdelatif Moussa s'était lui-même donné la mort en actionnant une charge, indique la même source. Le ministère de l'Intérieur du Hamas a affirmé, pour sa part, qu'il avait été tué lors d'échange de tirs avec la police. Entouré de combattants armés, Abdelatif Moussa n'avait pas hésité à proclamer son allégeance à un « Emirat islamique » régi par chariaâ (loi islamique), qui devait commencer à être implanté dans le secteur de Rafah. Jounoud Ansar Allah a carrément déclaré la guerre aux tendances qu'il considère laïques pour faire appliquer strictement la charia et reproche au Hamas d'être « trop libéral » en termes de m'urs. Les membres du groupuscule ont ainsi menacé les propriétaires de cybercafés d'incendier leurs établissements et veulent imposer davantage de pudeur et de rigueur vestimentaire dans les rues et sur les plages, avancent plusieurs témoins.Ce mouvement islamiste accuse régulièrement le Hamas de ne pas appliquer la charia, ce dernier rétorquant avoir pour priorité la lutte contre Israël. Aymane Al Zawahiri, numéro deux d'Al Qaïda, quant à lui, s'en est pris à la direction politique du Hamas plusieurs fois par le passé, l'accusant de « soumission » aux Israéliens. Le chef de la branche militaire du Hamas pour la région sud de la bande de Ghaza, Mohammed El Chamali, figure parmi les morts avec 5 policiers, alors qu'on aa dénombré 10 blessés. L'accès à tous les hôpitaux de la bande de Ghaza a été interdit à la presse par le Hamas, qui contrôle ce territoire « pour des raisons de sécurité générale », a précisé la même source. Le Hamas a indirectement accusé les services de sécurité de l'Autorité palestinienne de collusion avec le groupe Jounoud Ansar Allah « afin de répandre l'instabilité et l'insécurité dans la bande de Ghaza », a indiqué à l'AFP un porte-parole du Hamas, Taher Al Nounou. « Il semble qu'ils coopèrent entre eux au mépris de la loi, afin de répandre l'instabilité et l'insécurité dans la bande de Ghaza », a-t-il déclaré. L'Autorité palestinienne, que dirige le président Mahmoud Abbas, contrôlait la bande de Ghaza avant d'en être évincée par le Hamas lors d'un coup de force en juin 2007. Le groupe Jounoud Ansar Allah compterait quelques dizaines d'activistes et plusieurs centaines de sympathisants, selon des experts palestiniens. Il opère essentiellement dans le sud du territoire de Ghaza, notamment à Khan Younès et à Rafah. En juillet, ce groupuscule avait annoncé l'arrestation de trois de ses membres par le Hamas après une explosion ayant fait 52 blessés à Khan Younès. Jounoud Ansar Allah avait démenti toute implication dans l'attentat qui avait eu lieu lors du mariage du neveu de Mohammed Dahlane, ancien homme fort de Ghaza et membre du parti Fatah. Cet épisode de luttes intestines en Palestine ne peut que profiter à Israël qui, directement ou indirectement, attise le feu de la discorde entre frères ennemis. Les Palestiniens, eux, sont toujours dans une guerre de leadership.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 16/08/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salah Eddine Belabes
Source : www.elwatan.com