Algérie

Journée mondiale de la liberté d'expression



Journée mondiale de la liberté d'expression
L'Algérie célèbre aujourd'hui, comme chaque année, à cette date, la journée internationale de la liberté d'expression. Le ministère de la communication va surement organiser une cérémonie, en l'honneur de certains médias et des journalistes vont surement être empêchés comme l'année passée par la police de déposer une gerbe de fleurs, au pied de la stèle implantée au niveau de la place de «liberté de la presse» à Alger, prétextant l'absence d'autorisation.Le chef de l'Etat, fraichement réélu pour un 4em mandat, promet dans un message, diffusé hier de «réguler l'exercice de la liberté de la presse et l'encadrer, conformément aux normes et standards universellement admis» en soulignant que «l'Etat est déterminé à exercer toutes ses prérogatives en matière de législation et de réglementation».«Le respect de la déontologie, des règles et obligations de la profession telles qu'énoncées dans la législation nationale, et qui sont similaires à celles pratiquées dans les régimes démocratiques, sont des exigences, dictées par les enjeux actuels, auxquelles devrait tous se plier et notamment les professionnels de la communication», ajoute le président de la république. Tout en saluant un «foisonnement des médias», indicateur, selon lui, de liberté d'expression, il soutient ou menace, c'est selon, que l'Etat agira pour la protection de la liberté d'expression contre toute «dérive préjudiciable» au citoyen ou aux institutions constitutionnelles.«Cette protection se fera contre toute dérive préjudiciable à travers la calomnie, le dénigrement et la médisance ou dépassement au détriment du citoyen ou des institutions constitutionnelles» prévient le président de la république qui précise «qu'aucun média, quel que soit son statut juridique, ne peut déroger à cette exigence».Les dérives de certains médias constatés par les Algériens lors de la campagne électorale pour les présidentielles sont-elles à l'origine de cette «sortie menaçante» du président ' L'on est tenté de le croire même si les «dérives» en question auxquelles fait allusion le président étaient plus l'?uvre des médias qui ont soutenu sa candidature à la présidentielle du 17 avril passé.Parallèlement au message du président de la république qui sonne en fait comme une «mise en garde», «l'initiative pour la dignité du journaliste», un mouvement de journalistes de la presse privée et publique qui fait office de syndicat (non agréé) en l'absence de structures syndicales légales, publie pour la première fois depuis l'ouverture du champ médiatique un rapport pour le moins accablant sur la situation de la corporation.«Ce rapport est basé sur des faits réels puisés dans le quotidien des journalistes algériens qui exercent au sein des rédactions. Le document se veut une ébauche et une ‘critique constructive' visant à apporter une contribution, en particulier après le vote par le parlement de la loi organique relative au code de l'information» est-il noté dans le document qui propose d'être un «substitut» aux rapports publiés par des ONG internationales et qui ne traitent pas de toute la réalité.«En dépit de toutes nos sollicitations et des écrits transférés au ministère de la communication et à l'APN, le texte de loi tel qu'adopté par le gouvernement est passé comme une lettre à la poste à l'intérieur de l'hémicycle Zighout Youcef» a tenu à rappeler l'initiative qui souligne en ce sens que les journalistes n'ont jamais été associés dans l'élaboration de l'avant projet de loi relatif au code de l'information, alors que le chef de l'Etat avait appelé en 2011 à consulter toutes les parties concernées dans le cadre des réformes qu'il avait l'intention d'engager.Le rapport signale par ailleurs que tous les textes de loi promulgués ne sont pas encore applicables du fait de l'absence des autorités de régulation de la presse écrite et de l'audiovisuel et d'un Conseil d'éthique et de déontologie.En dépit de cette nouvelle loi organique, poursuit le rapport, dix nouvelles publications ont vu le jour et pas moins de 18 chaines satellitaires qui diffusent leurs programmes à partir de l'étranger après autorisation du ministère de la communication.«En réalité les journalistes des différentes chaines satellitaires sont en train de vivre la même expérience que celle de leurs confrères de la presse écrite. Une expérience caractérisée par l'anarchie, le manque de considération et des droits foulés au sol par de nombreux employeurs qui sont très souvent proches des responsables du régime» poursuit la même source, non sans rappeler que «les journalistes algériens ont vécu, après la promulgation du code l'information (Janvier 2012-mai 2014) une période caractérisée par des tensions et le sentiment d'abandon».Le même rapport fait état par ailleurs de plus de 150 affaires de dépassement dont sont victimes des journalistes et qui sont portés devant l'inspection locale du travail uniquement dans la wilaya d'Alger.«Les dépassements consistent notamment dans la non déclaration des journalistes à la sécurité sociale, le non paiement des salaires, le refus de délivrer des attestations de travail, le refus d'octroyer le congé annuel, le harcèlement sous toutes ses formes. Les correspondants de presse sont par ailleurs les premières victimes de toutes ces injustices» informe «l'initiative pour la dignité du journaliste» qui note qu'en plus de la politique de paupérisation dans laquelle vivent les journalistes, ces derniers, en sus de la peur d'être trainés devant les tribunaux pour leurs opinions, sont carrément menacés de mort dans l'accomplissement de leur travail.«Durant l'année 2013, plusieurs journalistes ont été agressés physiquement. Dans certains cas c'est leurs familles qui sont carrément menacées. Les domiciles de plusieurs journalistes sont souvent la cible d'homme de main payés par des maffieux dont les intérêts occultes sont révélés dans la presse» est-il noté également dans le rapport qui affirme que malgré tous les problèmes internes à la corporation, la presse reste le seul refuge des citoyens victimes d'injustice, des couches défavorisées ou des mouvements de protestation des Algériens à travers tout le pays.Enfin l'initiative pour la dignité du journaliste compte saisir officiellement par écrit le chef de l'état et le premier ministre sur les problèmes du secteur, notamment pour ce qui est des «disparités» entre le public et le privé. La lettre sera signée par plus de 300 journalistes, affirme-t-on dans le rapport dont nous détenons une copie.




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