Algérie

Journée mondiale de l’enseignant



Haro sur la réforme de BenbouzidLa Journée mondiale de l’enseignant a été, jeudi, l’occasion pour les syndicats autonomes de l’Education de dresser un bilan plus que catastrophique du secteur en général et de la réforme en particulier. Réunis jeudi à l’initiative de la Fondation Frederich, ces syndicats, dont le CLA, le CNAPSET, le SATEF, estiment qu’à chaque rentrée scolaire dans notre pays les changements se multiplient mais sans impact positif sur le rendement du système. «Cette réforme a été introduite à la va-vite dans le secteur de l’Education sans aucune préparation et sans les cadres expérimentés qui pouvaient apporter des vrais solutions et mettre le doigt sur les lacunes de l’école algérienne», déplore M. Saddani du SATEF. Le même orateur souligne aussi l’embarras des enseignants qui sont contraints d’appliquer quelque chose qui leur est complètement étrangère. «Comme si on obligeait quelqu’un à manger un plat qu’il n’a pas commandé», ironise-t-il. Un autre intervenant pose un problème plus concret, en l’occurrence l’absence totale de pratique à laquelle sont confrontés les élèves, et ce, faute de moyens didactiques nécessaires. «Nos élèves ne connaissent pas la pratique, tous les cours que nous faisons sont de la théorie. Nous sommes à notre troisième année du micro-ordinateur dans les lycées et nous n’arrivons toujours pas à faire de la simulation car les logiciels ne sont pas disponibles», fait-il observer. Les manuels scolaires ne trouvent pas grâce à ses yeux, tant sur le plan du contenu que sur la forme. «Les manuels scolaires ne sont que du copié-collé sur des manuels qui existent déjà et qui ne collent pas à l’enseignement algérien. Sans parler de leur indisponibilité dans certaines régions», souligne-t-il. Dans le même ordre d’idées, un représentant du CLA pointe «les aberrations» des manuels scolaires. Comme celui de l’enseignement des mathématiques. «Nous ne comprenons pas pourquoi les cours de mathématiques ou de physique chimie, dans leur intégralité, se font en langue arabe, et les symboles demeurent en français. Cela n’a pas de sens, il faut opter pour une seule langue, soit l’arabe soit le français, car si cela continue ainsi, nous allons créer des complications bilingues. C’est une aberration!», s’alarme-t-il. La situation de l’enseignement technique est également passée en revue, à la lumière des inquiétudes qui touchent ce secteur menacé dans son existence à cause du projet de réforme. «La suppression des filières techniques entraînera une extinction des compétences dont a besoin l’Algérie et rendra irrémédiable notre dépendance économique. Le savoir technique est un moyen qui nous garantit des techniques de maintenance, notamment des infrastructures de base dans le pays. Si on supprime cet enseignement, on aura recours à l’importation des cadres et nos ressources humaines seront simplement des exécutants, de la main-d’œuvre pas chère pour des sociétés étrangères délocalisées et installées dans notre pays.» C’est donc un véritable réquisitoire contre l’école qui est fait par les syndicats autonomes. Pendant ce temps, M. Benbouzid continue à décliner ces chiffres et persiste à dire que sa réforme est une réussite. Jeudi, il a avancé le chiffre de 214.000 enseignants qui seront formés pour la prochaine décennie, pour passer ainsi de 14 à 80% du taux de formation. Par ailleurs, M. Benbouzid a relevé la difficulté de faire bénéficier de cette formation de mise à niveau l’ensemble des enseignants du cycle primaire qui compte 171.000 enseignants et ceux du cycle moyen encadré par 111.000 autres, en expliquant que cela est dû au fait que nombre d’entre eux cumulent un capital expérience de plus de 30 ans dans l’enseignement. «La réforme du système éducatif ne se limite pas au changement des programmes et des livres ou à garantir les moyens matériels», a tenu à préciser M. Benbouzid en ajoutant qu’il s’agit également d’améliorer le niveau de l’enseignant qui constitue le maillon fort du processus. «Son recyclage et la résolution de ses problèmes sociaux figurent parmi les priorités du secteur» a-t-il encore indiqué dans une allusion au statut particulier de l’enseignant qui sera, selon lui, prêt avant la fin de l’année.


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