Journée internationale des personnes en situation de handicap: Plaidoyer pour des centres spécialisés et une prise en charge multidisciplinaire

À l'occasion de la Journée internationale des personnes en situation de handicap, le Pr Khaled Layadi, chef du service de médecine physique et de réadaptation (MPR) au CHU d'Oran a souligné l'urgence de revoir en profondeur la prise en charge des personnes en situation de handicap en Algérie. Insistant sur la nécessité de créer des centres spécialisés à travers le pays, il a présenté un plaidoyer structuré pour améliorer les infrastructures, former les professionnels et garantir un accès équitable aux soins.

La région ouest du pays, par exemple, ne dispose pas de centres de médecine physique et de réadaptation fonctionnelle comparables à d'autres villes comme Alger, Annaba ou Sétif... Selon le spécialiste, ces structures dédiées à la médecine physique et de réadaptation sont essentielles pour offrir une prise en charge multidisciplinaire, comme le réclament depuis longtemps les praticiens. Ils permettraient de répondre aux besoins des patients souffrant de diverses pathologies invalidantes, notamment les accidents vasculaires cérébraux (AVC), la maladie de Parkinson, la sclérose en plaques et les lésions médullaires souvent liées aux accidents de la route.

Il a insisté sur l'importance de structurer ces centres autour d'équipes pluridisciplinaires composées de spécialistes en MPR, mais aussi de neurologues, neuropsychiatres, neuropsychologues, appareilleurs et orthophonistes entre autres. Une telle coordination est indispensable pour répondre efficacement aux besoins des patients dont les pathologies nécessitent un accompagnement diversifié. Ces centres pourraient également inclure des équipements modernes pour assurer des soins optimaux, notamment dans le cas de paralysies ou de lésions médullaires. Malgré les efforts remarquables des services spécialisés en MPR existants dans les hôpitaux, leur capacité d'accueil est largement insuffisante pour répondre à l'afflux croissant de patients. «Le nombre de malades augmente sans cesse, notamment à cause de pathologies comme les AVC et la maladie de Parkinson, mais aussi en raison de la hausse continue des accidents de la circulation», a-t-il déclaré. Cette situation engendre une surcharge des services existants, rendant encore plus difficile le suivi des pathologies complexes.

Les enfants représentent aussi une catégorie particulièrement vulnérable, avec des handicaps tels que la paralysie cérébrale, dus à des complications prénatales, périnatales ou postnatales, des mariages consanguins dans certaines régions du pays qui augmentent les risques de troubles héréditaires sévères. Les conséquences incluent des déficiences auditives, visuelles, des troubles moteurs, des problèmes d'équilibre et des atteintes cognitives comme la perte de mémoire, de concentration ou de réflexion.

Le professeur Layadi a également mis l'accent sur les troubles psychiques qui, bien que souvent négligés, constituent une forme de handicap. Pour garantir l'efficacité du parcours du malade, le professeur Layadi a mis en avant plusieurs mesures nécessaires comme le développement de services d'hospitalisation nocturne, aujourd'hui quasiment absents, mais essentiels pour les traitements prolongés ou intensifs.

Outre les infrastructures, le Pr Layadi a évoqué l'urgence de former davantage de spécialistes pour répondre aux besoins spécifiques des patients. Il a notamment mis l'accent sur la nécessité d'accroître le nombre d'ergothérapeutes et de psychomotriciens, disciplines cruciales pour accompagner les enfants souffrant de troubles moteurs ou cognitifs. Il a également souligné l'importance de former des auxiliaires de vie pour les personnes âgées en perte d'autonomie, afin d'assurer leur prise en charge au quotidien dans des conditions dignes et adaptées. Il a aussi souligné que la création des centres spécialisés dans chaque wilaya permettrait de rapprocher les services des patients et de réduire les déplacements coûteux et éprouvants des familles.