Algérie

Journée de solidarité internationale avec les luttes sociales en Tunisie




Le décès, annoncé depuis Paris par la présidente de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), Souhayr Belhassen, a été confirmé, hier, par le ministre tunisien de la Santé.
La présidente de la FIDH, de nationalité tunisienne, a exigé, par la même occasion, l'ouverture d'une enquête pour situer les causes de la révolte sociale. «Il faut une enquête ou une commission nationale pour déterminer les causes et les solutions à cette protestation sociale qui a pris des formes tragiques», a-t-elle déclaré à  l'AFP. La ville de Sidi Bouzid a renoué avec la colère, hier, juste après l'inhumation du jeune Mohamed Bouazizi, qui est devenu le symbole d'une révolte sociale et politique qui a montré la Tunisie sous un autre visage. Celui de la misère, de l'injustice et de l'exclusion. La Tunisie des belles plages et de «l'essor économique» dont se targue le pouvoir de Ben Ali est partie en fumée. Près de 5000 personnes ont marché derrière le cortège funèbre en scandant des mots d'ordre hostiles au pouvoir : «Nous te pleurons ce jour, nous ferons pleurer ceux qui ont causé ta perte.» La police a empêché les manifestants d'approcher du siège du gouvernorat où le jeune s'était immolé, le 17 décembre 2010.
Le président Ben Ali semble échouer dans sa tentative d'absorber la colère des Tunisiens. La tension est loin de s'estomper. Des manifestations ont été signalées, hier, près de Gabès et dans la région frontalière avec l'Algérie.
Contacté par nos soins, Ahmed Nejib Chebbi, responsable des relations extérieures du Parti démocrate progressiste (opposition) dont il est le fondateur, a déclaré que «la tension est de mise, certaines villes de l'ouest du pays ont connu des manifestations. Les répliques de la colère des habitants de Sidi Bouzid se répandent à  travers beaucoup de régions du pays et c'est parti pour longtemps. Les causes de la révolte sont encore là et ce ne sont pas les mesures annoncées par le gouvernement qui vont ramener le calme. La corruption qui gangrène tout le système politique et la brutalité avec laquelle le peuple est traité par le pouvoir pousseront vers la poursuite de la révolte». «Désormais, en Tunisie, il y a l'avant et l'après-Sidi Bouzid. Il y a une situation psychologique et politique nouvelle. Le pays se prépare à  un tsunami qui emportera tout sur son passage», a jugé M. Chebbi.
Le bras de fer violent entre les manifestants et le pouvoir risque ainsi de perdurer. Les forces de l'ordre excellent dans la provocation et l'intimidation des militants politiques et des manifestants. Hier, la police tunisienne a carrément empêché les journalistes d'accéder à  la conférence de presse que devait organiser le Parti démocrate progressiste. «Nous devions donner une conférence de presse sur les évènements que traverse le pays au siège de notre parti à  Tunis, mais la police a tout simplement empêché les journalistes de se rendre à  la conférence et nous étions contraints de l'annuler», nous a indiqué M. Chebbi.  Pour cette figure de l'opposition tunisienne, «le mouvement de colère des Tunisiens est spontané et aucune force politique n'est en mesure d'encadrer ou de lui ouvrir une perspective politique» car selon lui, «les partis politiques sont laminés et ont subi une répression féroce depuis plus de deux décennies, qui rend pratiquement impossible de diriger une révolte sociale, même si nos militants sont présents dans toutes les manifestations», a-t-il analysé. Et pour tenter de briser l'enfermement dans lequel le régime de Ben Ali voudrait maintenir les manifestants, une journée internationale de solidarité pour «soutenir les luttes sociales et la démocratie en Tunisie» sera organisée aujourd'hui dans plusieurs capitales. Paris, Lille, Genève, Bruxelles, Berlin, Naples, Montréal, Québec, Beyrouth et Rabat abriteront des manifestations de solidarité avec la Tunisie en lutte. Alger n'est pas en reste : c'est le Snapap qui organise une rencontre syndicale de solidarité à  partir du 10h.
 


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