Algérie

Journal d'un observateur


Je me suis réveillé tôt et le chauffeur m'a récupéré de l'hôtel pour me déposer au bureau de vote. J'ai montré mon badge d'observateur de la Ligue arabe et on m'a accueilli en m'offrant un t-shirt de Bouteflika, puis donné une chaise. J'ai demandé à changer d'emplacement, vu que la chaise était dos à l'urne et face au mur, ou du moins à la fenêtre qui donnait sur l'extérieur. Ils m'ont expliqué que c'était mieux pour moi, vu qu'il n'avait pas fait beau depuis longtemps et que la journée d'aujourd'hui était merveilleuse, grâce au président.A 9h, un officiel est entré dans le bureau. J'ai remarqué qu'il avait une perceuse mais je me suis dit qu'en Algérie, tout le monde devait faire des réparations soi-même. A 10h, il n'y avait toujours qu'un seul votant.Quand j'ai fait remarquer au chef de bureau que cet homme était déjà venu et avait voté une dizaine de fois, il m'a expliqué que dans ce village, il y avait beaucoup de jumeaux, grâce à la politique agricole de Bouteflika. Vers midi, il n'y avait toujours pas grand monde et on a mangé fraternellement ensemble, pendant que le chef du bureau ouvrait l'urne pour en tirer du pain et des olives. C'est du moins ce qu'il m'a dit. Vers 15h, des bus sont arrivés, pleins à craquer. Des gens avec un fort accent bulgare sont descendus en chantant, ils avaient l'air très heureux. Quand ils sont repartis, ils ont pris l'urne avec eux et j'en ai parlé au chef du bureau qui m'a appris que c'était une vieille coutume destinée à éloigner le mauvais 'il. D'ailleurs, une heure après, l'urne est revenue, bien qu'elle m'ait semblé beaucoup plus grosse. Le soir, quand on a procédé au dépouillement, il y a eu une malencontreuse panne d'électricité et on a dû finir dans le noir. Mais grâce à la stratégie lumineuse de Bouteflika, il y aura beaucoup moins de pannes. Sinon, à ne signaler aucun incident.
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