jouer avec le feu

On aurait pu y croire. Mais une hirondelle ne fait pas le printemps au 21, boulevard des Martyrs. L'irruption d'une parole libre sur un plateau de l'Unique en prime-time aurait pu faire croire à une ouverture. Mais pas dans un système verrouillé, méprisant la société et sa dynamique. Pas dans un système où on intimide les syndicalistes, où on terrorise les militants des droits de l'homme, où on emprisonne des chômeurs en colère, où on met au cachot des suspects, où on assassine d'une balle dans la nuque toute libre initiative citoyenne. Certains évoquent, en parlant de cette émission en direct, où des jeunes ont vomi leur colère contre des dirigeants «venus de la période du noir et blanc», un défouloir, une soupape de sécurité, au mieux, un dérapage non contrôlé d'un excès de liberté. Mais la dure réalité est autre.Se sachant scruté par des forces étrangères, le régime avale sa logorrhée «anti-ingérence» et se contorsionne pour plaire, en façade, aux observateurs internationaux, quitte à desserrer de quelques millimètres l'étau liberticide. Parce que l'ouverture ce n'est pas agréer en moins d'un mois une flopée de partis, alors qu'il s'agissait d'une hérésie depuis 1999, ce n'est pas lever l'état d'urgence et interdire en même temps l'espace public aux Algériens, ce n'est pas combattre la corruption sur papier et peaufiner des cahiers de charges de contrats publics sur mesure, ce n'est pas jouer avec la représentativité du peuple pour assouvir des bas calculs politiciens à court terme. Le régime continue à jouer avec le feu en humiliant l'intelligence des Algériens. Mais il est trop âgé pour jouer. Il ne s'en est pas rendu compte ' Quelqu'un (ou peut-être 36 millions d'Algériens) va certainement le lui rappeler.