Jomâa en tournée dans les pays du golfe

Le chef du gouvernement tunisien a entamé, hier, une tournée dans quatre pays du Golfe dont la première étape est Abou Dhabi. Pourquoi ce choix ' Ce choix semble dicté par le désir et la détermination des Tunisiens de faire oublier aux autorités des Emirats arabes unis la brouille qui a assombri les relations bilatérales depuis quelques mois, au moment où les affaires de la Tunisie étaient gérées par le gouvernement de la Troïka dominée par les islamistes. Cette brouille était le résultat de l'appui apporté par la Tunisie au gouvernement de Morsi en Egypte. La réaction d'Abou Dhabi a été fulgurante en rappelant pour "consultations" son ambassadeur qui n'a regagné son poste à Tunis qu'après l'accession de Mehdi Jomâa à la primature. Mieux que ça, jamais un ambassadeur n'a été accueilli au bas de la passerelle d'un avion par un ministre des Affaires étrangères. Cette transgression du protocole a été rendue effective en Tunisie par le déplacement du ministre des Affaires étrangères à l'aéroport.C'est une première à travers laquelle le gouvernement tunisien a voulu passer l'éponge sur une crise montée de toutes pièces par le président Marzouki qui a cru bon apporter son soutien au président égyptien déchu au détriment des relations de son pays avec des pays tiers qui ne partagent pas ses vues. Seconde étape de ce périple, l'Arabie saoudite qui demeure incontournable eu égard à son poids politique et économique dans la région et dans le monde arabe. La tournée comprend aussi trois autres étapes, à savoir le Bahreïn, le Koweït et, surtout, le Qatar. Si avec les deux premiers cités, les relations ne souffrent d'aucun problème, l'étape du Qatar semble la plus difficile en ce sens qu'un contentieux serait sur le point de voir le jour après le départ du gouvernement islamiste en Tunisie.Doha est-il disposé à accorder au nouveau gouvernement les mêmes privilèges que ceux consentis à son prédécesseur ' Réputé pour être un grand soutien aux salafistes djihadistes, le Qatar est-il disposé à changer de cap pour soutenir le gouvernement de M. Jomâa qui a donné la preuve qu'il n'hésitera pas à traquer les terroristes en Tunisie 'C'est là où réside la difficulté du chef du gouvernement tunisien pour amener ses interlocuteurs qataris à la "raison". Une mission difficile, selon les observateurs, au vu de l'attitude observée par ce petit émirat face à ses voisins du Golfe qui cherchent à lui imposer un isolement qui lui porterait, sans doute, préjudice au niveau de ses relations internationales.Cette "correction" conduira-t-elle le Qatar à revoir sa politique étrangère et à s'intégrer, comme il l'état auparavant, dans la politique générale du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ' Cela profitera, sans doute, à la Tunisie dont le chef du gouvernement s'y est déplacé pour remettre les pendules à l'heure, en attirant le maximum d'investissements et en relançant les relations économiques au moment où la Tunisie traverse sa plus grave crise économique et financière. Le même thème dominera les entretiens de M. Jomâa avec les dirigeants des autres pays.En témoigne l'importante délégation économique qui l'accompagne dans son périple et qui traduit ? aux yeux de ceux qui en doutent encore ? le retour de la Tunisie à la "diplomatie économique".M KNomAdresse email