Algérie

JOËL TOUJAS-BERNATE, CHEF DE DIVISION AU FMI : «Les augmentations de salaires ont été très généreuses mais…»



Les augmentations de salaires ont été «très généreuses » mais peuvent poser des risques de pressions inflationnistes, selon Joël Toujas-Bernaté, chef de division au Fonds monétaire international (FMI), et qui relève que l'Algérie est exposée à une «position plus vulnérable » en cas de baisse des prix des hydrocarbures.
Chérif Bennaceur Alger (Le Soir) - Après avoir animé la veille une conférence de presse sanctionnant une mission de deux semaines à Alger, Joël Toujas-Bernaté était, hier matin, l'invité de la rédaction de la Chaîne III de la Radio nationale. Selon le représentant du FMI, favorisées par un contexte d'aisance financière, les dépenses publiques ont augmenté de «façon importante» cette année, en raison de plusieurs facteurs. Soit «la continuation de la mise en place de rémunérations et régimes indemnitaires plus élevés pour les fonctionnaires», mais également des «nouvelles mesures de soutien à l'emploi des jeunes, de soutien des prix de certains produits de base dont les prix avaient augmenté sur les marchés internationaux, et en faveur de la PME». Or, «aujourd'hui, on arrive à une situation où les dépenses de fonctionnement de l'Etat sont à un niveau élevé», note Toujas- Bernaté. Ce qui «risque de contraindre un peu plus les marges de manœuvre à l'avenir », dira-t-il, dans la mesure où ce se sont «souvent des dépenses incompressibles» et «donc, ça expose l'Algérie à une position plus vulnérable au cas où les prix des hydrocarbures venaient à baisser». Voire, le représentant du FMI observe que «ces augmentations de salaires qui ont été très généreuses, de 30, 40, 50%, voire 60% dans certains cas, peuvent poser des risques de pressions inflationnistes». Certes, «jusqu'à présent, ces risques ne se sont pas matérialisés, de part le comportement des ménages qui ont épargné une grande partie des revenus supplémentaires, également une partie de leur demande s'est portée sur l'importation et, donc, n'ont pas fait porter de tensions sur le marché intérieur, et puis, enfin, une politique monétaire de la Banque d'Algérie qui reste très vigilante», relève-t-il. Or, «tant que ces comportements perdureront, on peut s'attendre à ce que l'inflation reste maîtrisée. Aujourd'hui, elle est autour de 4%», ajoute-t-il. Néanmoins, Joël Toujas- Bernaté appelle à «rester vigilant par rapport à ces pressions qui pourraient se matérialiser».
L'Algérie est «immune», quoique…
Certes, «l'Algérie conserve une situation financière très confortable, des réserves internationales très élevées, une épargne budgétaire élevée qui lui permet de pouvoir faire face à tout choc que l'on pourrait envisager à l'avenir», constate-t-il. Comme le représentant du FMI note que pour le moment l'Algérie est «relativement immune », «à l'abri d'une contagion de la crise financière internationale» et que «si une nouvelle crise devait s'approfondir, ça ne toucherait pas vraiment le secteur financier algérien». Néanmoins, le risque principal réside, selon Toujas-Bernaté, dans le fort ralentissement de l'économie mondiale et une baisse de la demande énergétique notamment en Europe, principal marché pour les exportations d'hydrocarbures algériennes. «C'est le canal par lequel l'Algérie pourrait être affectée», selon l'invité de la Chaîne III. Dans la mesure où les perspectives économiques internationales venaient à s'assombrir davantage, «une baisse des prix des hydrocarbures est un risque qui pourrait être envisagé » et «ça affecterait les équilibres budgétaires», relève Toujas-Bernaté. L'occasion pour le représentant du FMI d'appeler à redoubler d'efforts, de manière concrète, pour le développement conséquent du secteur privé, en tant que moteur de croissance et générateur d'emplois. Mais aussi en matière de modernisation et de renforcement des capacités du système financier national, ainsi que pour la diversification de l'économie et l'amélioration de l'environnement des affaires.


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