Algérie

Jijel : l'histoire des dromadaires de Tindouf Culture : les autres articles



Jijel : l'histoire des dromadaires de Tindouf                                    Culture : les autres articles
Les deux dromadaires géants qui trônent impavides sur les monticules limitant de part et d'autre le quartier Moussani avec son ex-place du Mouggar (la foire internationale interrompue depuis 1975), ne laissent personne indifférent et nombreux sont ceux qui s'interrogent sur la genèse de cet ouvrage.
Ces deux 'uvres d'art, considérées comme un des symboles de Tindouf, restent une des curiosités de la ville autour de laquelle se sont tissées, au fil des ans, pas mal de fables. Plusieurs versions circulent sur le (ou les) concepteur de ces 'uvres. Pour certains, la première 'uvre a été réalisée du «temps de la France», et la deuxième «une pâle copie», bien après l'indépendance. Fort heureusement pour la mémoire, Serti Embarek, le père de ces 'uvres, est encore parmi nous. Et on a pu avoir le fin mot de l'histoire après l'avoir rencontré lors de son récent séjour à Tindouf, lui qui vit actuellement à Béchar. «Les deux chameaux, en structure métallique avec de la cornière 45, ont été réalisés à une année d'intervalle, en 1973 et en 1974», affirme l'artisan-artiste en précisant que le premier est celui qui se trouve «près de Sidi Belameche».
Ce sont des répliques géantes de 9 mètres de long sur 6 m de haut. «C'est sur demande du sous-préfet (Tindouf n'était pas encore wilaya à cette époque), Tarik Chami, que j'ai façonné la première structure qui m'a pris quarante jours», explique ce ferronnier octogénaire (né en 1928) qui se porte comme un charme. «J'avais construit pour la Protection civile, en 1970, une tour de 25 m qui a été érigée là où il y a maintenant la banque (BDL) et quand les responsables l'ont vue, ils ont pensé à une représentation du chameau», rappelle M. Serti. Avec un marteau et une enclume pour seuls outils, l'artiste 'uvrait dans un atelier en s'appuyant sur les conseils de connaisseurs de l'espèce des camelidés. «Ils venaient à l'atelier et m'orientaient un peu pour les formes de la bosse, de la tête, des pattes, du ventre, etc.», se souvient M. Serti.
La 2e 'uvre ne lui prendra que trente jours «puisque, dit-il en souriant, j'avais déjà la main». Chacune des structures a été façonnée en trois pièces distinctes : le socle, la partie inférieure (les pattes et la moitié inférieure du corps) et la partie supérieure (l'autre moitié du corps avec la tête et la bosse). «Quand je finissais une des parties, on la transportait sur les lieux pour le montage», explique l'artiste. Toujours avec les moyens du bord et à la force des bras. La réalisation de ces deux 'uvres aurait coûté 3 millions de centimes à l'Etat. «On m'a donné 1,5 million pour chaque chameau», déclare M. Serti qui, pour l'anecdote, est connu sous le sobriquet de «Embarek el jmel», en référence à son 'uvre. L'artisan-artiste nous a également révélé qu'il existait un 3e projet qui n'a pu être concrétisé à cause des événements qui ont secoué la région à cette époque. Il s'agissait de la représentation d'une chamelle avec son petit et leur chamelier. Les deux dromadaires qui existent depuis maintenant presque 40 ans, enguirlandés de lumineux vert et rouge, offrent, la nuit, un spectacle encore plus fascinant.


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