Algérie

Jijel Harraga : une vraie hémorragie



En marge de la projection du court-métrage «Un rêve irréalisable», de Ahcène Touati, à la maison de la Culture Omar Ouseddik de Jijel, le commandant des gardes-côtes, Boutajine Salah, de la face maritime Est, a présenté une importante communication sur l'immigration clandestine communément appelée «Harga» et qui prend, de plus en plus, d'ampleur ces dernières années. L'orateur a estimé que cette immigration clandestine, qui a pris des proportions alarmantes, se concentrait à ses débuts, principalement au niveau d'un certain nombre de ports de l'ouest du pays dont, entre autres, Oran, Mostaganem, Béni-Saf et ceux de la région d'Aïn Témouchent, vu leur proximité des côtes européennes. Le conférencier a indiqué que la Harga qui a pris de plus en plus d'ampleur notamment durant les années 2004 et 2005 et face au renforcement de la surveillance et du dispositif de sécurité dans les ports de l'ouest du pays, s'est rabattue sur les régions Est, notamment Sidi Salem dans la commune d'El-Bouni relevant de la wilaya de Annaba, en raison de sa proximité des côtes italiennes et espagnoles. Cela est devenu un terrain de prédilection pour les clandestins algériens qui tirent profit des conditions favorables de la navigation maritime durant la saison estivale pour embarquer vers l'»eldorado» à bord d'embarcations de fortune. Le commandant Salah Boutadjine a souligné que l'immigration clandestine a connu une certaine évolution dans les moyens utilisés, passant d'une immigration à bord de grands navires marchands à des embarcations de fortune, suite à l'application en juillet 2004, du code ISPS relatif au renforcement de la surveillance et de la sécurité dans les ports. Face à l'amplification de cette hémorragie humaine, le commandement des gardes-côtes a procédé au renforcement de la surveillance des côtes algériennes à travers une présence permanente de ses services, en mer, et l'élaboration d'un travail de sensibilisation quant aux dangers et risques certains auxquels nos jeunes sont fortement exposés. Contrairement à certains préjugés, l'orateur n'a pas manqué de dire que ce phénomène touche plusieurs franges sociales: chômeurs, commerçants, femmes, étudiants, gens aisés. En langue des chiffres, le commandant Salah Boutadjine a affirmé que ses services ont signalé que le nombre des clandestins interceptés est passé de 88 en 2005 à 164 en 2006 et à 173 en 2007, sans toutefois avancer le chiffre de ceux qui ont réussi à rejoindre les côtes européennes. Concernant les harraga arrêtés par les gardes-côtes, le conférencier a confirmé que le dispositif de surveillance mis en place a permis l'arrestation de 335 en 2005, 1.016 en 2006 et 1.568 en 2007. Selon lui, des chiffres qui expriment pleinement la gravité de ce phénomène qui touche même des étrangers notamment des Marocains et à un degré moins des Africains, notamment des Nigériens. Il convient de signaler que ces arrestations ont eu lieu en mer et dans les ports. L'intervenant a reconnu le déficit des textes juridiques concernant l'immigration clandestine à bord des embarcations car les textes actuels ne traitent que de la harga à bord des navires marchands qui, selon lui, est formellement interdite par les lois du code maritime. Il n'omettra pas, toutefois, de mettre l'accent sur le rôle positif des campagnes de sensibilisation sur les risques engendrés par ce phénomène qui, faut-il le souligner, constitue une vraie hémorragie.


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