Diverses causes sont avancées par les professionnels de la pêche au phénomène de la rareté du poisson, dont la principale est la pollution des fonds marins par le plastique et autres déchets.
Il s’en va des fonds marins, le poisson, il n’est plus là! Les marins pêcheurs, pris dans les mailles de leurs propres filets, sont en plein désarroi. Au port de pêche de Boudis, à Jijel, ils racontent leurs désillusions après la quasi-disparition de cette espèce des côtes. Sur ce point, et en l’absence d’études précises, diverses causes sont avancées par des spécialistes et les professionnels de la pêche. Ces derniers pointent principalement du doigt la pollution générée par les bouteilles et les sachets en plastique qui représentent parfois, assurent des patrons de la pêche, l’essentiel des quantités emprisonnées dans les filets. C’est un véritable drame écologique, nous ont assuré plusieurs.
Le second problème évoqué est lié à la centrale électrique d’El Achouat (13 km à l’est de Jijel) dont les vibrations feraient fuir le poisson, selon des pêcheurs. Enfin la cause que personne ne peut nier a trait à la fermeture des oueds par les barrages qui sont de véritables pièges à sédiments, privant ainsi la mer de grandes quantités de matières organiques nécessaires au développement des différentes espèces marines. Il y a lieu, à ce propos, de remarquer que l’oued El Kebir a eu son barrage (Beni Haroun) ainsi que l’un de ses affluents (Boussiaba). Au centre de la wilaya, c’est sur l’oued Mencha qu’a été construit le barrage d’El Agrem alors que celui de Kissir a fermé l’oued éponyme. Et dire que la liste ne sera pas close de sitôt. L’oued Djendjen sera à l’avenir fermé par le barrage de Tabellout, et un autre affluent de l’oued El Kebir sera bouché après la construction du barrage d’Irdjana. Et pourtant, la misère des pêcheurs ne se limite pas à la rareté du poisson.
Visiblement fatigués par un métier qui ne leur garantit plus une vie décente, ils s’inquiètent de leur avenir en évoquant la mer si avare en poissons. «Notre retraite est maigre, nos allocations familiales sont de l’ordre de 300 DA et voilà qu’après presque quarante ans en mer, on nous octroie 15.000 DA comme pension et personne ne nous défend, car même notre syndicat est contrôlé par les partons», se plaignent-ils. Leur cri de détresse n’est pourtant pas si loin de celui des consommateurs de produits de la mer, qui se résignent à ne plus pouvoir s’offrir le poisson qu’ils apprécient.
Et pour cause, depuis quelques années déjà, la sardine, oscillant au gré de ce que rapportent les filets de ces marins pêcheurs, entre 250 et 450 DA, n’est plus à la portée du commun des gens. La crevette, l’espadon, le merlan et autres produits tant savourés par une clientèle jadis si prompte à se les offrir, ne sont plus disponibles ni en quantité ni à un prix abordable. «Il y a des poissons que je n’ai pas vus depuis les années 1980, cette disparition a été amorcée en 1994 et elle continue de plus belle aujourd’hui», soutient un de ces marins. «Il faut attendre l’été pour manger du poisson à bas prix lorsqu’il réapparaîtra en mer», corrige-t-il, cependant.
Pour ces initiés aux secrets de la mer et du marché du poisson, les revendeurs, renchérissant les prix et ne se contentant pas d’une marge rationnelle, ont également une part de responsabilité dans la flambée des produits de la pêche. En tout état de cause, une sortie en mer ne se solde plus que par quelques casiers, selon ces pêcheurs, qui insistent que par moment ils reviennent carrément bredouilles. Les meilleurs endroits pour la pêche, ils les localisent à Oued Z’hor, tout juste entre les limites frontalières des wilayas de Jijel et Skikda. «Là-bas, c’est loin de l’éclairage éblouissant de la mer et des vacarmes des villes», précisent nos interlocuteurs. La pollution et l’avancée de l’urbanisme tout près des côtes est l’autre explication donnée à cette énigmatique disparition du poisson des fonds marins.
Zouikri A.
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Posté Le : 05/03/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: © Photo : El Watan ; texte: Zouikri A.
Source : El Watan.com du mardi 5 mars 2013