Jeux de mains
Côte à côte, face aux caméras, main dans la main, Hosni Moubarak et Abdelaziz Bouteflika. C'est peut-être l'image la plus marquante de ce 5 juillet, du moins celle qui résume le plus la situation actuelle où, paradoxalement, la ferveur populaire des jours de football n'a pas rejoint cette fête de l'indépendance. Main dans la main, deux autocrates arabes qui ne croient ni aux élections, ni au suffrage populaire, ni à la démocratie, ni au renouvellement des générations politiques. Question post-indépendance : pourquoi le PDG de l'Egypte est-il venu rendre visite au PDG de l'Algérie ' Régler les contentieux entre les deux pays, Djezzy, l'or, le ciment ou la guerre parafootballistique entre les deux pays ' Pourtant, à y voir de plus près, toute la problématique arabe est résumée dans cette visite ; officiellement, Hosni Moubarak est venu pour la mort du frère de son homologue algérien.Moubarak veut placer son fils à la tête de l'Egypte ; Bouteflika son frère, un autre, qui est vivant. La mort les aura réunis, tout comme cette stratégie qui consiste à placer la famille avant la nation. Restera, au retour de Moubarak qui lui va vraiment rentrer chez lui, cette question : pourquoi les drapeaux algériens sont-ils moins nombreux pendant un match de football que pendant la fête de l'indépendance nationale ' Cette énigme sociologique va sûrement être étudiée dans les prochains jours, mais en physique préquantique comme en politique prédémocratique, on dit que la vérité n'existe pas et que la réalité est simplement ce que l'on voit. On se rappellera alors juste ce que l'on a vu, Moubarak et Bouteflika, tous deux présidents aux innombrables mandats, garants d'équilibres féodaux chacun dans son pays, ont marché main dans la main à Alger, dans un périmètre ultra-sécurisé. Pas dans les rues, puisque l'un comme l'autre aurait pu être soumis à une colère populaire. Tout est là.
Posté Le : 06/07/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Chawki Amari
Source : www.elwatan.com