Algérie

Jeux de lobbies



Le marché pétrolier semble désorienté après la décision de l'Opep d'augmenter son plafond de production d'un million de barils/jour.Les tractations ont été serrées, et l'Arabie saoudite a dû peser de tout son poids, avec la Russie, pour avoir le feu vert des autres pays producteurs, en particulier l'Iran et le Venezuela, visés tous les deux par des sanctions américaines, et, surtout, font face à une érosion de leurs recettes pétrolières.
L'effet recherché d'une hausse de la production de l'Opep n'a pas été au rendez-vous des projections des analystes, puisque l'or noir continue de monter sur les principaux marchés. Vendredi en clôture, le pétrole de référence de la mer du Nord (Brent) était à 75,55 dollars, en hausse de 2,50 dollars. Les petits pays producteurs comme l'Algérie, dont les capacités de production ne dépassent pas 1,5 million de b/j, sont les grands gagnants de cet accord de hausse de la production de l'Organisation.
Dans le fond comme dans la forme, Riyad et Moscou, avec des objectifs opposés, voulaient peser sur la réunion de Vienne pour que l'Organisation augmente son plafond de production et améliore le niveau de l'offre de brut sur le marché à un moment où la demande se tasse, avec des perspectives de croissance moroses dans l'hémisphère nord.
L'Arabie saoudite est, en outre, le garant des intérêts des Etats-Unis et ne voudrait pas s'aliéner la colère du président Donald Trump, qui a fait clairement savoir que l'Opep doit augmenter sa production et revoir sa politique des prix, qui pénaliserait la croissance US.
Pour autant, l'accord conclu au forceps n'est pas totalement visible pour tous, d'autant que la hausse de production d'un million de b/j n'a pas été portée sur le procès-verbal final de la réunion ministérielle de Vienne. Si les porte-voix des pays consommateurs et industriels voulaient une démarche plus franche de l'Opep pour une hausse substantielle de la production, les choses sur le plan technique sont un peu différentes de ce que voudraient les forces du marché. Car d'un côté, il y a les pays industriels, dont la croissance dépend d'un brut à bas prix, et de l'autre côté, il y a les petits producteurs de l'Organisation qui ne peuvent amortir leurs investissements dans un contexte baissier de la demande et des prix.
Une logique infernale, dramatique pour nombre de pays membres de l'Opep qui n'ont pas, à vrai dire, les potentialités véritables pour aller au-delà des 2 mb/j de production, et donc ne peuvent que survivre dans un environnement devenu de plus en plus stressant financièrement et politiquement, maintenant que le président américain s'est mis dans la tête de lutter contre la hausse des prix de l'or noir.
La situation est particulièrement tendue pour des pays comme le Venezuela, en pleine crise sociale et politique et une inflation à trois chiffres, l'Iran avec les sanctions US et qui va avoir des difficultés pour ‘'vendre'' son pétrole et son gaz, et également l'Algérie qui ne peut gagner au change même avec des prix à plus de 70 dollars/baril, car ne pouvant techniquement aller au-delà de 1,5 mb/j.
Il est clair que pour l'Algérie, tout bon accord de l'Opep -de hausse ou de réduction du plafond de production- doit se répercuter sur ses recettes pétrolières immédiates. Maintenant, il y a, certes, le jeu des équilibres du marché, des lobbies, dont une baisse de la production de l'Opep n'est pas forcément une bonne nouvelle, et des enjeux géopolitiques que représente le pétrole pour des puissances industrielles et militaires comme les Etats-Unis, la Russie ou la Chine. Des jeux des alliances de ces trois puissances économiques avec certains pays membres de l'Opep dépendent en réalité les tendances actuelles et à venir du marché pétrolier.


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