Le président de la République a reconnu hier, que l'Etat a failli dans la prise en charge de la jeunesse, en s'abstenant d'investir dans l'immatériel entre autres le sentiment patriotique, les repères identitaires et culturels ainsi que les valeurs fondamentales de la société et de la République. Ce constat, Bouteflika l'a fait par rapport à son évaluation de l'état du pays en matière de développement matériel (au vrai sens du terme). Il dira sur un ton amer que «je ne connais pas beaucoup de pays qui ont consenti autant de moyens pour satisfaire les besoins des jeunes, qui ont accordé d'aussi importants budgets dans le domaine de la culture ou du sport ». Il s'impose des rappels. « Près de 10 millions de nos enfants se trouvent aujourd'hui dans les écoles, les universités et les centres de formation. Des milliers d'infrastructures sportives et culturelles ont été réalisées. Depuis le début de la décennie actuelle, l'Etat a consacré près de 150 milliards de DA au seul secteur de la Jeunesse et des sports dans le cadre des programmes d'équipement ». Il note aussi « des centaines, voire des milliers de projets ont été réalisés dans les autres secteurs en charge de la Jeunesse (...), des fruits de cet effort (...) le taux de succès au baccalauréat a dépassé pour la première fois la barre des 50 % (...), l'effectif des étudiants avoisine le million et les centres de formation professionnelle accueillent aujourd'hui plus de 500.000 jeunes ». Mais il en vient à l'essentiel et affirme que « la cellule familiale s'est déstructurée et n'a pas été remplacée par une cellule saine, ce qui a provoqué la perte de la jeunesse et c'est notre sujet aujourd'hui ». Le chef de l'Etat avoue « ce problème (NDRL : la jeunesse) constitue un des aspects, sans doute le plus grave, du problème général que pose la poursuite du processus de redressement national ». Ainsi reconnaît-il, « malgré l'importance du travail accompli pour la création d'un environnement favorable au développement de la jeunesse et à son insertion active dans la société, de graves problèmes menacent aujourd'hui la nouvelle génération ». Aussi dit-il, « les politiques nationales n'ont pas toujours été à la hauteur des attentes de nos jeunes. Elles ont en particulier manqué d'efficacité et de cohérence du fait de l'absence de mécanismes opérationnels de concertation et de coordination des diverses institutions chargées des questions de la jeunesse ». Le constat de « la déconnexion de la relation entre les jeunes et l'action des pouvoirs publics » est ainsi établi. Résultat : « notre jeunesse s'est progressivement enlisée dans une crise profonde qui se manifeste en particulier par un affaiblissement du sentiment patriotique, une perte des repères identitaires et culturels, un éloignement des valeurs fondamentales de la société et par de grandes difficultés à se doter de perspectives d'avenir », constate le chef de l'Etat. Il estime que ce sont là « autant de signes qui prédisposent le jeune à toutes sortes de déviances et d'extrémismes et l'exposent, souvent injustement, à la stigmatisation collective ». Pour en déduire que « cette crise - car c'en est bien une - doit être traitée avec courage et lucidité ». Pour Bouteflika, « nous devons résorber le décalage des approches antérieures, par rapport à un contexte plus complexe, où l'environnement social ne joue plus le même rôle intégrateur et les parcours individuels de plus en plus erratiques, avec comme conséquence une fragilisation de la condition juvénile, une perte de confiance dans les systèmes décisionnels publics et une forte désaffection vis-à-vis de la vie publique en général ». Il ne manquera pas à l'évidence d'évoquer « les harragas, néologisme affreux et tragique qui illustre la gravité de la crise de la jeunesse » et « le phénomène des kamikazes » pour affirmer que «le problème du devenir et de l'avenir des jeunes est plus que jamais posé aux pouvoirs publics ». Il interpelle « l'Etat et les collectivités locales sur leur politique de la jeunesse, (...) surtout en ce qui concerne les mesures nécessaires destinées à mettre nos jeunes à l'abri de l'instrumentalisation à des fins criminelles, à les dissuader de la recherche désespérée des visas pour l'étranger ». A sa question « comment redonner à nos jeunes confiance en leurs propres capacités et dans les institutions de leur pays ? », le président avance comme réponse l'initiation d'une politique nationale et son inscription « dans une démarche globale, intégrative et coordonnée autour des objectifs de promotion du scoutisme et des activités éducatives, du sport scolaire, de l'éducation à la citoyenneté, de l'insertion sociale, l'animation culturelle, scientifique et de loisirs, de l'écoute, du dialogue, de l'information et la communication ainsi que de la prévention et la sauvegarde de la jeunesse ». A la seule condition selon lui, que « les différents secteurs de l'Etat lui-même ayant en partage la lourde responsabilité de la jeunesse, s'accordent sur les objectifs stratégiques et les actions prioritaires à mener pour répondre aux besoins des jeunes (...)». En plus « d'une implication et d'une participation plus active des jeunes eux-mêmes dans l'édification de leur avenir», il plaide pour « une approche intersectorielle » pour « une meilleure synchronisation des programmes et des activités propres à chacun des secteurs en charge des jeunes ainsi que des associations de jeunesse». Le président demande pour cela qu'il soit apporté les correctifs nécessaires aux dispositifs actuels, aux systèmes d'enseignement, notamment celui professionnel. « L'Etat doit également aider à l'émergence d'une vie associative rénovée et la soutenir dans le cadre d'un vrai partenariat », dit-il. Il lance un appel aux jeunes pour « s'organiser et auront pour cela tout le soutien des autorités et pourront participer pleinement à la conception et à la réalisation des projets qui les concernent (...)».
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Posté Le : 24/10/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com