Et voici que la galerie Racim, siège de l'inamovible Unac, vient ébrouer ses cimaises après quelques très bonnes expositions bien senties durant l'année 2011 pour accueillir, du 25 décembre 2011 au 5 janvier dernier, une exposition drivée par le plasticien Karim Sergoua aux commandes artistiques d'un groupe de joyeux drilles issus pour la plupart de l'Ecole des beaux-arts avec pour questionnement principal l'identité dans toutes les facettes du terme.
L'action est menée en compagnie de la Fondation Friedrich Ebert qui a été pour quelque chose dans cet événement réalisé aussi avec le soutien de l'Esba. Donc une exposition très vive, avec de nouvelles expressions contemporaines portées à bras-le-corps par une nouvelle génération d'artistes aux allants esthétiques pointus, la plupart étant diplômés, post-diplômés ou en voie de l'être. Ils sont quasiment tous politisés, sensibles aux belles choses et se manifestent com-me des plasticiens, artistes, acteurs de leur société, le message finement ciselé sur une actualité prégnante, l'expression adoptée dans les nouvelles techniques, la qualité du travail acquise dans un environnement favorable à l'émergence d'idées nouvelles. Ce sont 22 personnes, des artistes très jeunes, mais à la fougue brûlante allumée dans l'incandescence de ces années fulgurantes qu'a vécu ce si beau pays voué aux déchirures les plus inattendues et qui se reconstruit dans de nouvelles perspectives. Une chose est sûre, il faut faire avec cette génération vivace qui n'est pas née ex nihilo, mais plutôt dans un élan de vie férocement revendiqué. Dans cette présentation, garçons et filles se succèdent un peu partout entre les murs. Première observation : le questionnement identitaire, présenté dans une installation informe. Lilia Chaouchi vide littéralement son sac par terre, comme s'il était tombé et que l'on se place en voyeur, guettant les secrètes identités de cette artiste à travers ses affaires jetées comme par hasard. L'abstraction inscrite en vidéo, Yasmine Brahimi nous la laisse voir dans un pied de nez du mauvais sort, le sort en question, avec aucune réponse donnée. Les racines et le chemin de nos doutes passés dans cette délicate opposition entre racines et terre, le tout inscrit dans cette autre froideur minérale du cube en verre. Dans une suspension quelque peu modeste, probablement due au manque de place, Maya Bencheikh El Fegoun élabore comme une araignée patiente un drôle de personnage en fil de fer suspendu complètement dégingandé et résolument insolite, une sorte de fantôme en fil de fer qui scrute de sa hauteur nos âmes terrestres. Ce personnage est désespérant comme une ombre mortifère inscrite sur nos têtes, une bonne option esthétique. Sensualité brute et problématique du corps en effusion avec Mounia El Mahdaoui dans un scénario brut de décoffrage de fille se mettant de la crème sur le corps. Avec un peu plus de recentrement sur soi, Nassima Salhi adopte une composition pas très originale accrochée sur le mur à travers des kardeches qui forment des mots. La seconde peau qu'est le costume est un médium idéal pour porter les délicates transcriptions de symboles qui semblent nous appartenir inscrites dans une gandoura repeinte à l'acrylique sur une portée artistique réalisée par Nawel Hagui et Fairouz Khelladi. L'image collective porteuse des messages les plus unanimes reste très bien reprise par l'artiste Oussama Tabti dans une vidéo de l'inspecteur Tahar dans une de ses multiples circonvolutions verbales et grimaçantes, devenues de fait un élément visuel puissant inscrit dans notre génome national. Le décalge identitaire se laisse voir dans l'ouverture vers le monde voulue par Mohamed Tacef et Adila Hamina qui ont présenté une vidéo d'un bonnet péruvien insolite. Provocation bon enfant de Djamel Agagnia, plasticien talentueux, qui montre une installation mobile, gage des anciennes années folles à travers sa «roulma» qui a fait le tour de la salle et de la question. On ne pourrait hélas oublier la fameuse 'uvre de Karim Sergoua avec sa «Tabla doukhane», inscrite dorénavant dans la postérité d'une grande galerie européenne. Avec Djelil Mehdi, les monstres en argile et autres matières se laissent aller dans une procession mystérieuse au sol. Le plasticien Jo Okitawanya Jo laisse son pinceau «over coloré» traîner une peinture multiple avec des questionnements et maximes du cru africain se laisser aller dans une totale liberté sur le mur. Intéressant personnage que ce Oki- tawanya. Au final, l'étrange Monsieur Krinah nous laisse voir une métamorphose d'une femme qui change de costume, ou qui mue dans un stéréotype probablement kafkaïen, probablement pas. Toute cette bonne énergie se laissera voir encore quelques jours, juste pour se faire une idée simple des limites de la jeune création contemporaine dans ses délires les plus fous.
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Posté Le : 07/01/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Jaoudet Gassouma
Source : www.lnr-dz.com