Jeudi soir au théâtre La Fourmi: Raïna Raï sème de la douceur à Oran

On n'était pas loin de penser que Jimi Hendrix s'était réveillé on ne sait comment pour piller et effacer l'hécatombe des désagréables faits divers qui tarabustent quotidiennement une jouvence inquiète pour son avenir. Un doux vent de fraicheur et un grand espoir sont passés jeudi soir au cours d'une représentation musicale donnée par le groupe Raïna Raï jeudi soir au théâtre La Fourmi. Le spectacle n'avait rien à voir avec la platitude des représentations aigres et inappropriées habituelles où les paroles trop légères chantées à tue-tête frisaient l'indécence. Plus de deux heures de poésie hérissaient la peau car passer avec une guitare électrique du pop moderne au « oud » oriental n'est pas donné à n'importe quel guitariste pour réaliser une symbiose de mélodies capables de pousser à une réconciliation avec la musique. Jeudi soir, la réconciliation a été aussi faite pour le futur et a tempéré les désappointements.L'agréable étonnement n'est que passager quand on sait que Raïna Raï a été le premier groupe musical algérien à entremêler avec harmonie différents genres de musique. Cerise sur le gâteau, il s'est introduit aussi jeudi dans le patriotique pour permettre le doux éclairage d'un raï d'optimisme l'espace d'une nuit.
Plus encore, la symbiose était entre les musiciens et les spectateurs, tous jeunes, quand les musiciens ont démontré que leur art n'était pas inscrit dans les basses jérémiades sentimentales trop frontales, un tantinet délurées.
L'adhésion a été à son comble quand un chanteur dans une halte improvisée a recommandé à la jeune assistance, avec des paroles fortes de s'armer d'espoir et d'optimisme pour être capable d'élargir la voie vers la réussite. Il avait de quoi tirer son inspiration car lui-même et ses compagnons avaient ramé pour arracher une notoriété aujourd'hui assurée. Ils ont goûté aux déboires de l'immigration et souffert des portes fermées à leurs nez, méconnaissant à leur début les sentiers souterrains et les pratiques rigides des studios d'enregistrements parisiens.
Les exemples qu'il a donnés ont été leçon et enseignement. Raïna Raï est né il y a plus de quarante ans. Tout pour le groupe n'a pas été rose avec des hauts et des bas et il lui a fallu une sacrée dose de persévérance pour que leur maitrise artistique soit reconnue. Le déclic de la reconnaissance s'est produit sans doute au début des années 2000 quand ils avaient fait frémir le tout Paris au Zénith et lorsque la jeunesse parisienne découvrait un quatuor qui était à la hauteur des célèbres groupes.