Algérie

Jean Lacouture s'en va



Jean Lacouture s'en va
Jean Lacouture a tiré sa révérence après une riche carrière journalistique, ponctuée de multiples voyages et de rencontres plurielles.Ce journaliste, écrivain et biographe hors pair a collaboré durant une vingtaine d'années au quotidien Le Monde ; il a même été le correspondant de ce journal à Alger. Il a d'ailleurs confié à Paris Match que sur le plan professionnel, c'est lorsqu'il était en Indochine puis en Algérie qu'il était le plus heureux ; il avait l'impression d'apporter sa petite contribution.L'écrivain et journaliste Jean Lacouture est né le 9 juin 1921 à Bordeaux. Diplômé en lettres, en droit et en sciences politiques, il a occupé le poste d'attaché de presse du général Leclerc. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, il découvre l'Indochine et décide de faire ses débuts dans le journalisme. Il rencontre alors les chefs du Viêt-minh révolutionnaire, dont Hô Chi Minh.Après une escale de deux ans à la résidence générale de France à Rabat (Maroc) de 1947 à 1949, l'homme commence sa carrière de journaliste et de reporter à Combat en 1950, qu'il poursuit au Monde en 1951 puis à France-Soir, en tant que correspondant au Caire entre 1953 et 1956.Une année après, il revient au Monde où il est désigné chef du service «outremer», puis grand reporter jusqu'en 1975. Il collabore également au Nouvel Observateur.Jean Lacouture est réputé pour son franc-parler et son sens de la formule. Récipiendaire du titre de grand officier de la Légion d'honneur en 2013, il avait été un fervent partisan de la décolonisation avant de consacrer des biographies volumineuses et monumentales à de grandes figures du XXe siècle dont Blum, Nasser, Mauriac, Malraux, Hô Chi Minh, Mendès-France, Champollion, Charles de Gaulle, André Malraux et François Mitterrand.Il a également consacré une biographie à l'ethnologue et résistante Germaine Tillion, Le témoignage est un combat. Il était convaincu que l'art du biographe se résume à laisser des zones d'ombre pour permettre au lecteur de se faire une idée.Suite au décès de Jean Lacouture, de nombreux témoignages ont émané de la scène politique française et internationale, ainsi que sur les réseaux sociaux. Le quotidien Le Monde dresse de lui, sur son site, un tableau des plus élogieux : «Il avait une allure de mousquetaire, un profil en lame de couteau, les sourcils fournis et les yeux plissés par un éternel sourire. Bluffant jusqu'aux plus brillants de ses collègues, c'est debout et en un quart d'heure que Jean Lacouture tapait à la machine l'éditorial de politique étrangère du Monde au début des années 1960.»Jean Lacouture a consacré plusieurs ouvrages à l'Algérie, dont un portant le titre Algérie 1962, la guerre est finie, sorti en 1985 aux éditions Bruxelles Complexe. Il retrace dans ce livre avec une précision des plus pointues le processus de la longue négociation qui conduisit le général de Gaulle et le GPRA jusqu'aux Accords d'Evian.L'ancien militant nationaliste du FLN, homme politique et avocat, Ali Haroun, indique qu'il n'a pas connu intimement Jean Lacouture, mais cependant il l'a rencontré lors de plusieurs réunions ; il rappelle que le regretté journaliste a publié durant la Révolution algérienne un ouvrage de référence, intitulé Cinq hommes et la France (éditions Le Seuil), dans lequel il dresse les portraits de Bourguiba, Mohammed V, Ferhat Abbas, Sekou Touré et Hô Chi Minh. Ali Haroun estime que Jean Lacouture est un «monsieur» qui a suivi le déroulement de la Révolution algérienne. «C'est un homme qui a eu, dès le départ, des conceptions anticolonialistes.C'était un spécialiste de la politique coloniale de la France. Il a été souvent aussi bien au Caire auprès du GPRA qu'à Tunis. Il a été parmi les commentateurs les plus avisés des Accords d'Evian.Il a toujours eu une conception très éclairée sur les relations entre l'Algérie et la France.» Jean Lacouture avait écrit un éditorial en juin 1962, sur Le Monde, dans lequel il faisait part de sa déception à l'égard de certains «historiques» algériens auxquels le peuple avait donné ce titre et qui pourtant se plaisaient à s'insulter.




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