Jean Daniel écrit à El Watan Actualité : les autres articles

Cher Omar, vous avez des lecteurs aussi attentifs à mes écrits qu'à ma longue vie, et c'est assez émouvant.
En tout cas, je viens de recevoir un courriel, publié, semble-t-il, jeudi matin, sur votre blog, à l'occasion de la célébration du souvenir de l'architecte de la Maison de la Soummam.
Dans ce texte, l'auteur de l'article rappelle les noms de tous les fondateurs de la résistance algérienne qui sont passés au' collège colonial de Blida !
Et qui sont tous nés en 1920 !
Or, il se trouve que c'est bien mon cas, sauf que, n'ayant évidemment été pour rien dans l'élaboration de l'avenir d'une République algérienne, il n'y avait aucune raison pour que mon nom soit cité.
J'ai tout de même été ému de savoir que tous ces noms célèbres étaient ceux d'écoliers, d'élèves et d'étudiants qui avaient le même âge que moi et faisaient donc à la même époque les mêmes études.
Tous les noms que vous citez me sont familiers.
J'ai pendant plusieurs années été le compagnon de table de Ali Boumendjel, dont j'ai eu le temps de devenir l'ami avant qu'il ne soit torturé par les paras du général Aussaresses. Je suis resté ensuite longtemps l'ami de Ahmed, son frère.
J'ai eu l'occasion de rencontrer le grand Abane Ramdane, Saâd Dahlab, Benteftifa et Benkhedda.
Dans des classes différentes, nous avons tous eu l'enseignement d'un merveilleux professeur, Marcel Domerc.
Et pour finir par un divertissement, j'habitais très près du cher M'hammed Yazid, qui se flattait d'être frère, fils et petit-fils d'officiers français.
Dans les couloirs des Nations unies, le succès de cette évocation lui était assuré. Il a même laissé croire qu'il n'était pas pour rien dans la rédaction du discours prononcé par John Kennedy en faveur de l'indépendance algérienne.
Cela me divertit beaucoup de partager avec vous et avec vos lecteurs le rappel de mes origines blidéennes et l'enracinement de mon algérianité.
Croyez, cher Omar Belhouchet, à mes sentiments évidemment fidèles.Jean Daniel
PS : Je vous quitte pour m'entretenir avec un autre ami d'enfance, Lakhdar Brahimi, dont la promotion internationale me fait chaud au c'ur.